« Dans leur univers capitonnĂ©, Jean-NoĂ«l et Marie-Ange se chauffaient au bon soleil de lâorgueil. Toutefois, le spectacle dâune trop grande misĂšre, dâun aveugle tĂątonnant en traversant la rue, dâune vieille femme dĂ©charnĂ©e et guenilleuse, ou bien encore certaines faces hostiles, leur donnaient une sensation passagĂšre de culpabilitĂ© et de vulnĂ©rabilitĂ© Ă la fois. Un lĂ©ger malaise, plutĂŽt quâun vrai sentiment. Parce que, peut-ĂȘtre, un instinct obscur les avertissait quâil suffisait dâune pierre bien lancĂ©e pour fendre la froide et transparente paroi qui sĂ©parait les deux mondes, et que les rĂ©volutions nâĂ©clataient pas autrement. »
En mĂȘme temps quâil se sert de ses personnages pour Ă©clairer ou rĂ©vĂ©ler le mĂ©canisme des grands actes sociaux (krach boursier, chute de gouvernementâŠ), Maurice Druon nâoublie jamais que le sort des individus, leurs ambitions, leurs succĂšs, leurs Ă©checs, leurs dĂ©chĂ©ances, leurs maladies, leurs passions et leurs crimes composent le destin des sociĂ©tĂ©s.
Faisant suite aux Grandes Familles, prix Goncourt en 1948, La Chute des Corps constitue le deuxiĂšme volet dâune fresque ciselĂ©e et impitoyable sur la classe dirigeante entre les deux guerres mondiales.
Avec le soutien du CNL (Centre National du Livre). Musique composée par Julien Rimailho.