"Dans le monde classique, le mariage Ă©tait un sacrement et lâamour, sâil survenait, une heureuse surprise. Aujourdâhui, câest lâamour qui est sacrĂ© et le mariage nâen est quâune possibilitĂ© parmi dâautres. Il a Ă©tĂ© concurrencĂ©, en Europe du moins, par dâautres formes dâunion ou de contrat. Le mariage dâinclination Ă©tait supposĂ© rĂ©pondre aux dĂ©fauts du mariage de raison : lieu de lâoppression de la femme par lâhomme, vile entreprise commerciale, Ă©touffoir pour les deux sexes. Mais le conte de fĂ©es ne se passe pas exactement comme nous lâavions cru : depuis les annĂ©es 70, le sentiment, triomphant, ronge lâinstitution de lâintĂ©rieur et la dĂ©lĂ©gitime. Explosion des divorces, multiplication des solitaires, choix du cĂ©libat : la passion amoureuse, dans son Ă©lan, va tâelle dĂ©truire le mariage ou du moins le relativiser ? Sera-t-il bientĂŽt rĂ©servĂ© Ă une Ă©lite de happy few qui persisteront Ă sâunir officiellement quand la majoritĂ© batifolera au grĂ© de ses passades et de ses virevoltes ?" Pascal BRUCKNER
Dans la tradition historique des auteurs lisant leurs oeuvres, Gustave Flaubert dans son « gueuloir », Albert Camus interprĂ©tant LâĂtranger ou Marcel Pagnol incarnant La Gloire de mon pĂšre, Pascal Bruckner nous offre une lecture sensible de son essai, qui contribue Ă mieux comprendre sa pensĂ©e. Claude COLOMBINI FRĂMEAUX