Il y a dans l’écriture de Véronique Liégard une évidence et une lumière. Évidence du regard et lumière des mots, l’un et les autres taillés dans le même cristal. Bohème ou Venise ? Qu’importe. La magie de cette prose est sans doute qu’en touchant du doigt les plaies que nous refusons de voir, elle les cicatrise.
Extrait : « Théo, mon ami écrivain, m’a expliqué un jour que chacun de ses récits mûrissait doucement en lui à la manière d’un fruit.
— Quand il est sur le point d’éclater, gorgé de jus, il faut qu’il sorte, voilà tout. Je n’ai plus qu’à laisser couler, couler, couler jusqu’à la dernière goutte. Après, je filtre ; mais pas toujours. Parfois, je balance au caniveau. L’écriture, tu vois, c’est un rendez-vous amoureux. Avant, tu ne penses qu’à lui, tu respires, tu agis, tu te nourris, tu dors avec cette idée, cette attente. En même temps, tu en as peur, tu trembles, tu es lâche, tu voudrais pouvoir retarder le moment de l’accomplissement. Tu crains d’être déçu ou de ne pas te montrer à la hauteur. »