SolĂšne vit une semaine sur deux. Le reste du temps elle lutte, crocs et griffes dehors, contre lâEx qui lui vole ses 112 centimĂštres de bonheur et ses 16 kilos de raison dâĂȘtre. La petite AnaĂŻs est habituĂ©e Ă plier bagage, hop ! Un week-end tu ris chez maman, un autre chez papa. Seulement SolĂšne, elle, ne sây rĂ©sout pas.
Cette nuit-lĂ , blanche comme toutes les autres, elle fixe la pleine lune qui la nargue, avale des somnifĂšres en vain, rĂ©pĂšte La Grande Fugue de Beethoven au violon, fume une cigarette et tourne en rond. Alors comme Ă son habitude, elle monte voir sa merveille assoupie Ă lâĂ©tage pour la contempler, avant que son pĂšre ne la lui enlĂšve le lendemain matin. Au moins ça, au moins la satisfaction de la sentir encore lĂ , prĂšs dâelle, sa lueur.
Elle ouvre la porte de la chambre, sây faufile Ă pas de loup, soulĂšve la couette avec une infinie douceur mais⊠cette fois rien nâa de sens, rien ne la rĂ©conforte, rien dâautre nâest possible que ce cri et cette traque sans merci car AnaĂŻs, son trĂ©sor, sa minuscule, a disparu !âŠ
Une jeune fille aux cheveux blancs, le roman de Fanny Chesnel (Albin Michel, 2011), fut salué par la critique et adapté au cinéma en 2013 (Les Beaux jours, réalisé par Marion Vernoux, avec Fanny Ardant et Laurent Lafitte).