« Andromaque : La guerre de Troie nâaura pas lieu, Cassandre !
Cassandre : Je te tiens un pari, Andromaque.
Andromaque : Cet envoyé des Grecs a raison. On va bien le recevoir. On va bien lui envelopper sa petite HélÚne, et on la lui rendra.
Cassandre : On va le recevoir grossiĂšrement. On ne lui rendra pas HĂ©lĂšne. Et la guerre de Troie aura lieu.
Andromaque : Oui, si Hector nâĂ©tait pas lĂ !... Mais il arrive, Cassandre, il arrive ! Tu entends assez ses trompettes... En cette minute, il entre dans la ville, victorieux. Je pense quâil aura son mot Ă dire. Quand il est parti, voilĂ trois mois, il mâa jurĂ© que cette guerre Ă©tait la derniĂšre.
Cassandre : CâĂ©tait la derniĂšre. La suivante lâattend. »
Ainsi commence la piĂšce la plus cĂ©lĂšbre de Giraudoux. Lors de sa crĂ©ation en 1935 elle renvoyait un reflet troublant de lâactualitĂ© de lâĂ©poque, avec une nouvelle guerre qui approchait de jour en jour alors que le souvenir de « la Der des Der » Ă©tait encore bien trop frais.
Ătonnant de modernitĂ©, le texte de Giraudoux rĂ©sonne toujours autant aujourdâhui, et la clairvoyance de Cassandre nous interroge. Face Ă la dĂ©termination apparemment immuable de ceux de notre Ă©poque aussi qui ne se lassent pas dâattiser la haine de lâautre et le conflit, voici une lecture aussi prenante quâurgente.