Les monstres ont toujours existé, et on les représente au moins depuis l’Antiquité. Pourtant, ce terme qui était populaire il y a quelques décennies à peine est rarement énoncé de nos jours, sauf – essentiellement – dans une perspective morale (ou moralisatrice). On peut néanmoins trouver un sens à la monstruosité ; mais comment la définir de la manière la plus neutre possible ? On pourrait avancer, prudemment, qu’il s’agit d’un écart marqué par rapport à une norme qui elle-même varie en fonction du contexte culturel, social ou politique.
Le Frankenstein de Mary Shelley, la figure la plus ancienne examinée dans cet ouvrage, sert un peu de fil conducteur à ce parcours qui s’attarde sur des oeuvres de fiction dans lesquelles le monstre est pensé par la science et la technologie, ou plutôt par leur imaginaire souvent débridé. Dans ce cadre précis, le fantasme du monstre permet de diverses façons de se pencher sur des concepts comme ceux d’hybridité, d’altérité, de cyborg, d’animalité humaine et sur des rapports plus complexes que prévu entre nature et culture. Penser le monstre comme une figure épistémique pour réfléchir aux savoirs de tous les temps : un but ambitieux, que l’auteur de cet essai atteint sans encombre.