Tout le monde converse, constamment. Tout se dit, mais lâon ne dit pas tout. On ne parle pas aujourdâhui des mĂȘmes choses quâhier, et on nâen parle pas de la mĂȘme façon dans toutes les sociĂ©tĂ©s. Il y a des sujets privilĂ©giĂ©s et des maniĂšres valorisĂ©es de les aborder. Les conversations quotidiennes, de lâĂ©change le plus banal Ă la discussion dĂ©cisive, sont donc « travaillĂ©es » par lâensemble des maniĂšres de faire, de dire, de rĂ©agir que lâon tient collectivement pour bonnes, convenables et signifiantes.
Plus largement, ces Ă©changes constituent le grand flot constant de la socialisation, de la reproduction des rapports sociaux, bref, la sociĂ©tĂ© mĂȘme. Celle-ci dâailleurs, quâest-elle dâautre, au fond, que ces milliers dâinteractions quotidiennes qui reproduisent inlassablement, jour aprĂšs jour, de maniĂšre assez banale, nos rapports Ă nous-mĂȘmes et aux autres ?