Charles Barbara (1817-1866)
"Dans une chambre claire, inondĂ©e des rayons du soleil dâavril, deux jeunes gens dĂ©jeunaient et causaient. Le plus jeune, dâapparence frĂȘle, avec des cheveux blonds, des yeux extrĂȘmement vifs, une physionomie Ă traits prononcĂ©s oĂč se peignait un caractĂšre ferme, faisait, Ă cĂŽtĂ© de lâautre, qui avait des joues encore roses, des buissons de cheveux bruns et cet Ćil langoureux particulier aux natures indĂ©cises quâun rien abat et dĂ©courage, un contraste saisissant. Le blond disait Rodolphe en sâadressant au brun, et ce dernier appelait Max le jeune homme aux yeux bleus, dont le vrai nom Ă©tait Maximilien Destroy. CâĂ©taient deux camarades dâenfance et de collĂšge ; ils devisaient sur la littĂ©rature, et Rodolphe qui, dans un Ă©tat de marasme, Ă©tait venu voir son ami avec lâespoir dâun allĂ©gement, sâappesantissait sur les mĂ©comptes, lâamertume, les Ă©pines sans roses de la vie dâartiste.
Au contraire, il semblait que Max se fĂźt un jeu dâajouter Ă cette mĂ©lancolie."
Publié en 1855, "L'assassinat du Pont-Rouge" est considéré comme le premier roman policier français.
Le corps d'un agent de change est retrouvĂ© dans la Seine. L'enquĂȘte a conclu Ă un suicide. Mais Ă©tait-ce bien un suicide ?