Sans doute le roman le plus picaresque d’Alphonse Boudard. Un vrai régal.
Auguste-le faussaire, que l'auteur connut en prison, purgeait sa peine pour avoir fourgué des Utrillo, des Matisse, des petits Renoir ou des Max Ernst qui sentaient manifestement la peinture fraîche.
Quinze ans plus tard, Alphonse le retrouve régnant sur sa boutique, «' La Lanterne », le verre en main, entouré d'une multitude d'artistes louches, fines lames et grasses plumes, d'Italiens, d'Espagnols réfugiés, de princesses russes, de rescapés de la Loubianka, d'anarchos surgis de la Belle Epoque, évoluant parmi un fatras d'objets innombrables qui donnent au lieu saint une allure alibabesque. A cette compagnie de copains et de coquins, se mêlera bientôt Vulcanos-le-mage, rencontré dix ans plus tôt au sanatorium des Colombes. Son rire éclate entre les murs de « La Lanterne » aussi souvent qu'à l'époque des trafics honteux, des charivaris de tous les diables, des plaisanteries d'un vulgaire et d'une indécence indépassables : toutes sortes d'animations peu culturelles dont pouvait être capable un tubard à la mentalité malfrate et aux facultés divinatoires. Jusqu'à ce jour mémorable qui consacrera son génie avec Le Banquet des Léopards. Une occasion de rire à s'en péter l'artère fémorale. On se doute qu'Alphonse Boudard prête à Vulcanos une destinée hors du commun. Vulcanos glorieux se balade ainsi parmi les anges et les saints, un kil de rouge à débit sporadique et à contenance infinie à portée de bouche.
Alphonse Boudard est une légende de la littérature française d'après guerre aux côtés de René Fallet, Albert Simonin ou encore Antoine Blondin. Né à Paris en 1925, de père inconnu et de mère trop connue, il est élevé dans le 13e arrondissement prolétaire. Résistant de la première heure, il reçoit la médaille militaire. Mais après la guerre, il vit de petits boulots et traficote. Il glisse doucement mais sûrement vers la pègre. Plusieurs séjours en prison et sanatorium lui inspireront La Cerise et L'Hôpital. A 33 ans, il se consacre à l'écriture. Sa langue est verte, nourrie de l'argot et du langage populaire. Ses romans sont largement autobiographiques. Au cinéma, il collabore avec Michel Audiard, puis écrira pour Jean Gabin.