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Le chevalier Des Touches

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Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889)

"C’était vers les derniĂšres annĂ©es de la Restauration. La demie de huit heures, comme on dit dans l’Ouest, venait de sonner au clocher, pointu comme une aiguille et vitrĂ© comme une lanterne, de l’aristocratique petite ville de Valognes.

Le bruit de deux sabots traĂźnants, que la terreur ou le mauvais temps semblaient hĂąter dans leur marche mal assurĂ©e, troublait seul le silence de la place des Capucins, dĂ©serte et morne alors comme la lande du Gibet elle-mĂȘme. Tous ceux qui connaissent le pays, n’ignorent pas que la lande du Gibet, ainsi appelĂ©e parce qu’on y pendait autrefois, est un terrain qui fut longtemps abandonnĂ©, Ă  droite de la route qui va de Valognes Ă  Saint-Sauveur-le-Vicomte, et qu’une superstition traditionnelle le faisait Ă©viter au voyageur... Quoique en aucun pays, du reste, huit heures et demie ne soient une heure indue et tardive, la pluie, qui Ă©tait tombĂ©e, ce jour-lĂ , sans interruption, la nuit, – on Ă©tait en dĂ©cembre, – et aussi les mƓurs de cette petite ville, aisĂ©e, indolente et bien close, expliquaient la solitude de la place des Capucins et pouvaient justifier l’étonnement du bourgeois rentrĂ©, qui peut-ĂȘtre, accotĂ© sous ses contrevents strictement fermĂ©s, entendait de loin ces deux sabots, grinçants et haletants sur le pavĂ© humide, et au son desquels un autre bruit vint impĂ©tueusement se mĂȘler."

Comme souvent, le baron Fierdrap, l'abbé de Percy et sa soeur Barbe, se réunissent chez les soeurs Touffedelys ; Plus tard dans la soirée, Mlle Aimée de Spens les rejoint. Cette fois-là, Barbe, ancienne amazone de la Chouannerie, conte l'histoire du chevalier Des Touches et de son évasion grùce aux "douze"...