Au Commissariat de Police il y a quelques jours, Philippe et moi avions été accueillis par un flic en civil, l’air très Russel Crowe avec son blouson de cuir, sa presque barbe, son jeans délavé et ses bottes qui en avaient vu d’autres.
Il nous a menés dans une pièce grise et exiguë, au design minimaliste où l’ambiance glauque était savamment entretenue par une fenêtre dont le grillage compact laissait filtrer une lumière qui tombait comme un ultimatum.
Derrière l’unique table, sur l’une des deux chaises, elle perchait, détonnait et fulminait. Tête haute, bouche dédaigneuse et paupières plissées, enchâssée dans une dignité furibonde, elle nous a balayés d’un regard chargé de poison.
Lucifer.
Alias Lucy Fériale.
Lulu pour les intimes, c’est-à-dire moi.
Eh oui, Lucifer - alias Lucy Fériale - est de retour à Montréal et elle n’a pas oublié sa seule et unique copine : Mathilde, à qui elle va demander l’asile… terrestre.