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Le meurtre de Suzy Pommier

E-book


Emmanuel Bove (1898-1945)

"Avant mĂȘme que les Deux Mondes, le nouveau film de Jean RiviĂšre, eĂ»t Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en sĂ©ance publique, tous les journaux lui avaient dĂ©jĂ  consacrĂ© de longs articles. Jean RiviĂšre, le jeune metteur en scĂšne, s’était signalĂ© Ă  l’attention par trois ou quatre Ɠuvres remarquables. Les Deux Mondes devait consacrer sa rĂ©putation. Mais un tel succĂšs n’allait pas sans crĂ©er des jalousies. Aussi, ce soir-lĂ , la salle Ébrard, rue de la MichodiĂšre, oĂč devait avoir lieu la prĂ©sentation de ce film, Ă©tait-elle remplie d’un public Ă  la fois enthousiaste et hostile. À toutes les personnalitĂ©s appartenant au monde du cinĂ©ma, se mĂȘlaient des artistes, des Ă©crivains, des jolies femmes. On discutait d’avance des qualitĂ©s de ce film, de son interprĂ©tation. On se demandait si Suzy Pommier, qui s’était rĂ©vĂ©lĂ©e, il y avait un an Ă  peine, dans une quelconque production, comme une des plus grandes artistes qui aient paru sur l’écran français, vaincrait la partie. Le rĂŽle qu’elle tenait dans les Deux Mondes n’était-il pas trop lourd pour elle ? Quant Ă  Harry-Paul Donna, on ne s’expliquait pas pour quelles raisons RiviĂšre l’avait choisi. Jusqu’alors, il n’avait Ă©tĂ© qu’un interprĂšte de second plan. Il s’était surtout signalĂ© par une absence complĂšte de naturel.

À neuf heures, la salle Ă©tait dĂ©jĂ  pleine Ă  craquer et, sans cesse, de nouvelles voitures s’arrĂȘtaient devant l’entrĂ©e. Soudain, de l’orchestre, des murmures s’élevĂšrent auxquels succĂ©dĂšrent aussitĂŽt des cris, des applaudissements. Suzy Pommier venait de faire son apparition. Blonde, grande et mince, elle semblait avoir vingt ans."

Suzy Pommier, jeune actrice Ă  succĂšs, est retrouvĂ©e morte dans les mĂȘmes conditions que dans son dernier film... Le jeune inspecteur Hector Mancelle part sur la trace de l'assassin. Qui pouvait en vouloir Ă  Suzy ?