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Le Parfum des cendres

Audiobook


Les parfums sont toute la vie de Sylvain Bragonard. Il a le don de cerner n'importe quelle personnalité grâce à de simples senteurs, qu'elles soient vives ou délicates, subtiles ou entêtantes. Tout le monde y passe, même les morts dont il s'occupe tous les jours dans son métier d'embaumeur.

Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde qui s'intéresse à son étrange profession. Pour elle, Sylvain lui-même est une véritable énigme : bourru, taiseux, il semble plus à l'aise avec les morts qu'avec les vivants. Elle sent qu'il cache quelque chose et cette curieuse impénitente veut percer le mystère.

Doucement, elle va l'apprivoiser, partager avec lui sa passion pour la musique, et comprendre ce qu'il cache depuis quinze ans.

Dans ce premier roman plein de malice, Marie Mangez déploie une écriture vive et sensible qui déjoue les codes de la rencontre amoureuse.



4.0

1 rating

Aude

8/4/2024

Sylvain Bragonard exerce un métier peu conventionnel, mais pourtant essentiel, celui de thanatopracteur : pour quelques heures, il redonne aux morts un sursaut de vie. Pour cela, inutile de se fier à une photo donnée par la famille, Sylvain possède une méthode bien à lui : Il renifle les cadavres, et par les odeurs qui s’en dégagent, il parvient à reconstituer leur personnalité. Un vrai don pour ce Bragonard, qui, a une lettre près, suivait les traces d’un parfumeur bien connu. D’ailleurs, parfumeur était bien la carrière que Sylvain envisageait avant… un terrible drame personnel. Taiseux, taciturne, peu sociable, le Bragonard est un animal triste qui préfère la compagnie des morts à celle des vivants. Mort, il l’est d’ailleurs un peu, métaphoriquement j’entends. Il n’y a véritablement que ses horribles habitudes alimentaires qui provoquent suffisamment de secousses pour que son corps réagisse encore un peu. Alors, quand Alice entre dans sa vie, c’est comme un tremblement de terre de force 8 sur l’échelle de Richter. Alice écrit une thèse sur les thanatopracteurs, elle tutoie ceux qui côtoient la mort, mais elle est bien vivante. Solaire, drôle, pleine de vie, Alice est tout l’inverse de Sylvain. Son premier objectif est de lui arracher un sourire (et ça, ce n’est pas gagné…) et de percer à jour le secret de cet embaumeur cadavérique, suceur compulsif de bonbons à la menthe, force 8 ! « Le parfum des cendres » appelle tous les sens, et pas seulement ceux liés aux corps en décomposition : c’est la grande force de ce roman. À travers les odeurs, ce sont des vies entières qui apparaissent sous nos yeux. Sous ses airs grincheux, Sylvain est un véritable poète des sens. Il ne voit pas les existences fauchées, il en devine la beauté avant qu’elles se soient définitivement arrêtées. La puissance de ces odeurs ouvre grand les champs des possibles de l’imagination et grâce à Sylvain, le lecteur est en mesure de sentir, puis de ressentir. Marie Mangez utilise une précision redoutable pour décrire les parfums afin de permettre cette transmission olfactive nécessaire pour pénétrer l’univers de Bragonard. Il faut avouer que le début du récit m’a laissée perplexe… et si cette lecture ne s’était pas faite en audio, sans doute aurais-je abandonné. Encore une fois, la lecture audio a tout changé. La voix de Sophie Frison éclaire ce texte de son dynamisme et de sa jovialité. Sophie Frison a l’enthousiasme communicatif, c’est le moins que l’on puisse dire ! On sent qu’elle a pris un plaisir immense à lire cette histoire et lui a donné toute l’émotion qu’elle mérite, parfois tragique, parfois drôle. Un vrai talent d’actrice puisqu’il lui faut ici naviguer entre la voix de Sylvain, et celle d’Alice, deux personnalités que tout oppose, deux voix singulièrement différentes. Cette alternance, très réussie, suscite des moments de rire, des instants de tendresse, et parfois, l’apparition d’une boule d’angoisse au fond de l’estomac. Qu’a donc vécu Sylvain pour s’empêcher à ce point de vivre ? Comment parvenir à lui faire comprendre qu’il existe encore de belles choses à expérimenter ? Alice s’y emploie à grand renfort de musique qu’elle fait hurler dans le camion mortuaire, Sophie Frison l’accompagne dans cette mission « sauver Sylvain » en y mettant un vrai cœur à l’ouvrage, comme si, sans se connaître, ces deux femmes avaient un même but. Sans doute est-ce là toute la magie des versions audio… faire prendre conscience que les mots ont une âme, qu’ils ne noircissent pas seulement les pages, mais qu’ils sont aussi vivants. « Le parfum des cendres » fait revivre de façon tendre et sans tire-larme les existences des morts en focalisant sur ce thanatopracteur bien en vie, mais dévasté de l’intérieur. Tous les sens du lecteur sont continuellement maintenus en alerte. Les petits intermèdes musicaux proposés dans la version audio accentuent la musicalité des mots. Et l’ardeur de la lectrice est contagieuse. Une très belle expérience à tenter.

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