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Le speronare

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Alexandre Dumas (1802-1870)

"Le soir mĂȘme de notre arrivĂ©e Ă  Naples, nous courĂ»mes sur le port, Jadin et moi, pour nous informer si par hasard quelque bĂątiment, soit Ă  vapeur, soit Ă  voiles, ne partait pas le lendemain pour la Sicile. Comme il n’est pas dans les habitudes ordinaires des voyageurs d’aller Ă  Naples pour y rester quelques heures seulement, disons un mot des circonstances qui nous forçaient de hĂąter notre dĂ©part.

Nous Ă©tions partis de Paris dans l’intention de parcourir toute l’Italie, Sicile et Calabre comprises ; et mettant religieusement ce projet Ă  exĂ©cution, nous avions dĂ©jĂ  visitĂ© Nice, GĂȘnes, Milan, Florence et Rome, lorsqu’aprĂšs un sĂ©jour de trois semaines dans cette derniĂšre ville, j’eus l’honneur de rencontrer chez monsieur le marquis de T..., chargĂ© des affaires de France, monsieur le comte de Ludorf, ambassadeur de Naples. Comme je devais partir dans quelques jours pour cette ville, le marquis de T... jugea convenable de me prĂ©senter Ă  son honorable confrĂšre, afin de me faciliter d’avance les voies diplomatiques qui devaient m’ouvrir la barriĂšre de Terracine. Monsieur de Ludorf me reçut avec ce sourire vide et froid qui n’engage Ă  rien, ce qui n’empĂȘcha point que deux jours aprĂšs je ne me crusse dans l’obligation de lui porter mes passeports moi-mĂȘme. Monsieur de Ludorf eut la bontĂ© de me dire de dĂ©poser nos passeports dans ses bureaux, et de repasser le surlendemain pour les reprendre. Comme nous n’étions pas autrement pressĂ©s, attendu que les mesures sanitaires en vigueur, Ă  propos du cholĂ©ra, prescrivaient une quarantaine de vingt-huit jours, et que nous avions par consĂ©quent prĂšs d’une semaine devant nous, je pris congĂ© de monsieur de Ludorf, me promettant bien de ne plus me laisser prĂ©senter Ă  aucun ambassadeur que je n’eusse pris auparavant sur lui les renseignements les plus circonstanciĂ©s."

Récit de voyage en Sicile. Alexandre Dumas et le peintre Louis Jadin choisissent un speronare, - embarcation cÎtiÚre - commandé par le capitaine Arena, pour atteindre la Sicile.

"Le speronare" est le premier volume de la trilogie des impressions de voyage en Italie d'Alexandre Dumas.