Le titre L'Enracinement est posthume, le sous-titre Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain a été inventé par Weil, à la demande de l'organisation France libre - à laquelle la philosophe avait adhéré - pour recueillir des idées sur la manière de gérer une situation de paix à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'ouvrage expose le projet d'une société nouvelle, fondée sur les « besoins de l'âme » et non plus sur les mécanismes de l'oppression. À partir d'une telle prise de conscience, Weil affirme que ce qui distingue réellement l'homme ne dépend pas de la possession de droits particuliers à exercer pour affirmer son individualité. L'élément essentiel est plutôt constitué par l'ouverture à quelque chose d'étranger, dans la mesure où il est insaisissable dans sa totalité, mais qui trouve son origine dans le besoin de bonté et de justice contenu dans le cœur de chacun. Ainsi, pour Weil, le refus d'utiliser la notion de loi découle d'une conviction claire : ce sont les obligations qui sont en relation étroite avec l'être humain, et en particulier avec ce que l'on appelle la partie la plus secrète de son âme.