Les amours industrielles est le premier recueil de poĂ©sie de Maxime Cayer qui a fait des Ă©tudes en littĂ©rature et en cinĂ©ma. Lâauteur a publiĂ© des poĂšmes dans Les Ă©crits en 2018 aprĂšs avoir Ă©tĂ© finaliste, lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente, au Prix du public de la revue Moebius.
Les amours industrielles prĂ©sentent, sous forme de petits textes de prose poĂ©tique, une premiĂšre prise de parole revendiquĂ©e dans toute sa vĂ©hĂ©mence. Les mots y viennent sâentrechoquer activement, les images, justes et crues, se succĂšdent Ă un rythme effrĂ©nĂ©, bouleversant tout sur leur passage : « nous en souffrons plus que notre lot des fragiles technologies de nos regards inquiets et des cicatrices de nos venins⊠». Les sentiments sont des dĂ©chirures Ă raccommoder. Ă quoi sert la poĂ©sie dans cet univers, sinon Ă ausculter les amours qui se dĂ©litent en annonçant dĂ©jĂ les Ă©closions prochaines de terribles recommencements :
mes yeux mon cĆur sont corrompus ravagĂ©s rougis par lâappel du sang mon monde sâeffondrer perpĂ©tuellement câest tout ce quâils demandent nuit et jour le chĂątiment est tel quâil me prive de toute volontĂ© de toute originalitĂ© la rĂ©alitĂ© sera brutale ou ne sera pas
Ă partir de la nuit la plus glauque, sans mĂ©nagement, le narrateur propose dâavancer vers une sorte dâespace propice, oĂč « la joie du crime accompli remplacera toutes les autres et je pourrai enfin quitter ma grotte lâĂąme paisible dĂ©livrĂ©e des banalitĂ©s primitives ».
Les amours industrielles sont prĂ©cĂ©dĂ©es de Les baleiniers feront naufrage. Comme une sorte de toile de fond qui pourrait servir Ă lâensemble du recueil, lâauteur sâintĂ©resse ici Ă donner naissance Ă un univers Ă©motionnel hĂ©tĂ©rogĂšne par petites touches articulĂ©es dans lâurgence de dire.