(0)

Les solitaires de Myols

E-book


Delly (1875-1947) (1876-1949)

"C’était un jardin de couvent, aux portes de Paris. Quelques Ă©chos des bruits de la grande ville franchissaient les vieux murs roux, fleuris de ravenelles, mais sans parvenir Ă  troubler la douce quiĂ©tude de l’enclos ombragĂ© et frais, oĂč les oiseaux s’en donnaient Ă  cƓur joie, certains qu’ils Ă©taient d’ĂȘtre peu troublĂ©s en ce second jour de vacances qui voyait s’éloigner les derniĂšres Ă©lĂšves des Dames Dominicaines.

Cependant, deux jeunes filles arpentaient encore lentement une allĂ©e ombreuse. À travers le feuillage touffu des marronniers, le soleil rĂ©ussissait Ă  glisser des flĂšches d’or qui venaient frapper les cheveux blonds trĂšs vaporeux de l’une, les cheveux bruns, un peu rebelles de l’autre. Cette derniĂšre avait une physionomie animĂ©e et joyeuse et causait avec une extrĂȘme vivacitĂ©. Sa compagne lui rĂ©pondait doucement, un peu mĂ©lancoliquement, et sur son charmant visage au teint dĂ©licat se lisait une tristesse ou une anxiĂ©tĂ©.

– J’aime certainement beaucoup le couvent et toutes nos bonnes MĂšres, disait la brune, mais, enfin, il est bien naturel que je sois trĂšs, trĂšs heureuse de vivre dĂ©sormais prĂšs de ma chĂšre maman et de mon bon frĂšre Armand, de connaĂźtre un peu le monde, d’y faire mon entrĂ©e l’hiver prochain. Et vous aussi, sans doute, Huguette chĂ©rie ! N’est-ce pas une chose charmante que mon frĂšre vienne prĂ©cisĂ©ment d’ĂȘtre nommĂ© substitut Ă  Vousset ? Le chĂąteau de Myols est tout proche, et nous nous verrons trĂšs souvent, n’est-ce pas, amie ?

– J’espùre que mon tuteur le permettra, dit Huguette d’un ton pensif."

Romance.

Huguette d'Armilly, orpheline, quitte le couvent pour aller vivre chez sa grand-mĂšre, au chĂąteau de Myols oĂč rĂ©side Ă©galement son tuteur et oncle. ainsi que ses quatre tantes. Mais pourquoi tout ce petit monde vit en solitaire Ă  Myols ? Quelle malĂ©diction plane sur le nom d'Armilly ?