Gustave Le Rouge (1867-1938)
"Malgré la chaleur torride de cet après-midi, le quai et les rues de la ville de Canton présentaient un spectacle d’une animation extraordinaire. Il y avait déjà plusieurs mois que les préliminaires du traité de paix de la Chine avec les alliés européens venaient d’être signés, et les transactions commerciales, un moment ralenties, reprenaient avec une véritable fièvre.
Dans le port, au milieu d’une flottille de jonques, de sampangs et d’embarcations de toutes sortes, une demi-douzaine de paquebots portant les pavillons de France, d’Angleterre et d’Allemagne étaient à l’ancre. Sur les quais, tout un monde de coolies chinois et malais s’affairait, tous uniformément vêtus de blouses de cotonnade, et de chapeaux de bambou tressé.
Dans les rues étroites du quartier chinois, c’était une véritable cohue. Ces rues, bordées pour la plupart de maisons à un étage et décorées d’une profusion de lanternes en papier et en soie, et d’arcs de triomphe en bois peint et doré, étaient encombrées de marchands en plein vent."
M. Dubreuil, ingénieur français installé à Canton, a tout perdu à cause des troubles en Chine. Son ami lama lui offre un travail au Thibet. Il accepte et monte une expédition à travers la Chine pour rejoindre Lhassa. Il est accompagné de sa fille cadette Germaine, de Georges, un journaliste qui fut fiancé à Andrée, la fille aînée de M. Dubreuil qui a été enlevée par des bandits et dont on a plus de nouvelles.; Jean, le jeune cousin de Georges, et les domestiques Onésime et Jeannik sont aussi du voyage. Traverser la Chine est loin d'être une croisière...