Paul d'Ivoi (1856-1915)
"Moi, Max Trelam, correspondant du Times, le puissant journal anglais, je tiens Ă dĂ©clarer quâen Ă©crivant ce rĂ©cit, jâai lâintention dâĂ©lever un monument Ă la gloire dâun homme dont la profession nâa point lâheur de plaire au plus grand nombre.
Cet homme est un espion.
Oui, un Espion... mais un espion Ă©trange, inexplicable, peut-ĂȘtre unique.
Dâabord, il nâa jamais Ă©tĂ© brĂ»lĂ©, selon lâexpression usitĂ©e, alors que ses collĂšgues professionnels ont tous succombĂ© Ă un moment donnĂ©.
Ensuite, il a une audace, une clairvoyance incroyables. Sa puissance de raisonnement est telle que, secondĂ©e par un sens de lâobservation que je nâai rencontrĂ© au mĂȘme degrĂ© chez personne, il arrive mathĂ©matiquement Ă prĂ©voir ce quâune circonstance donnĂ©e dĂ©terminera comme action chez un personnage dâun caractĂšre connu.
Mais surtout, lâĂ©trangetĂ© de cet espion est sa loyautĂ©. Ses actes, il les signe, avertissant ses adversaires quâil est sur leur piste.
Vous penserez comme moi, jâimagine, quâun ĂȘtre douĂ© de qualitĂ©s exceptionnelles peut seul se permettre si dangereuse franchise. Je vous Ă©tonnerai sans doute en ajoutant que mon trĂšs honorable espion est dâun dĂ©sintĂ©ressement absolu, et que les gouvernements qui ont eu recours Ă ses talents en sont rĂ©duits Ă demeurer ses obligĂ©s.
Au moral, il est incomprĂ©hensible. Dâune gĂ©nĂ©rositĂ© chevaleresque, jâemploie le mot avec prĂ©mĂ©ditation, car il joue sa vie chaque jour, il ne consent Ă sâoccuper des affaires Ă lui soumises que si elles lui plaisent. Or, jâai constatĂ© que seules lui convenaient les missions ayant pour objet dâempĂȘcher les guerres, de dĂ©fendre les faibles contre toutes les oppressions...."
Max Trelam est journaliste au "Time". Au cours d'une enquĂȘte en Espagne, sa route croise celle d'un mystĂ©rieux espion : X. 323. Le journaliste va devenir son complice sans le vouloir. Mais qui se cache sous ce matricule de X. 323 ? Et cette marquise d'Almaceda qui n'est jamais loin ?