Mars 2010, patatras. Fabrice Luchini lit Philippe Muray. LâĂ©vĂ©nement confidentiel tourne presque aussitĂŽt Ă lâĂ©vĂ©nement mĂ©diatique, Muray sâaffiche dĂ©sormais en couverture des magazines, sâentend Ă la tĂ©lĂ©vision, se cite dans les dĂźnersâŠ
Mais qui est Philippe Muray ? Sa rĂ©cente cĂ©lĂ©britĂ© a renforcĂ© une image qui depuis plusieurs annĂ©es se dessinait dĂ©jĂ , chez ses adversaires mais aussi chez beaucoup de ses admirateurs : celle du bougon de service, dâun intarissable pourfendeur de bobos, dâun pilier de bar gouailleur qui aurait par hasard lu Hegel. Cette explosion a Ă©tĂ© si soudaine, si rapide, quâelle en est venue Ă masquer la complexitĂ© et la richesse dâune Ćuvre qui, dĂšs quâon y regarde de prĂšs, ne se limite pas Ă quelques « billets dâhumeur » de circonstance, puisque cette expression revient Ă la mode. Il nous avait prĂ©venus : « Pour les commentateurs, qui ont besoin dâidĂ©es simples, les pamphlĂ©taires sont des gens qui ont toujours Ă©tĂ© des pamphlĂ©taires. Câest faux : Bloy ne lâa Ă©tĂ© que quelques annĂ©es dans sa vie ; CĂ©line aussi. » Câest lâambition de cet essai que de dĂ©voiler, sans lâamoindrir, espĂ©rons-le, le secret de Philippe Muray. Dâaller dĂ©busquer, Ă mĂȘme lâĆuvre, les origines de lâĆuvre. De dĂ©voiler, derriĂšre le rire de Philippe Muray, une vision grinçante mais libĂ©ratrice, de lâHomme et de la modernitĂ©. De comprendre comment Muray, avant de rĂ©vĂ©ler lâĂ©poque Ă elle-mĂȘme comme jamais celle-ci nâaurait cru pouvoir ĂȘtre dĂ©crite, sâest inventĂ© comme Ă©crivain.