Delly (1875-1947) (1876-1949)
"Un domestique entra silencieusement et dĂ©posa sur le bureau le second courrier du matin. Odon, fermant le volume quâil parcourait, Ă©parpilla dâune main distraite les revues et les lettres. Lâune de celles-ci attira son attention. Sur lâenveloppe large, de papier mince et ordinaire, une main certainement fĂ©minine avait inscrit lâadresse du marquis de Montluzac. Odon murmura :
â Quelle aĂŻeule mâĂ©crit lĂ ?... Oui, une aĂŻeule, bien certainement, car on nâa plus de ces charmantes Ă©critures, aujourdâhui.
Il ouvrit lâenveloppe, sans hĂąte. Car il nâattendait rien de la vie. Depuis la mort du frĂšre qui avait Ă©tĂ© son unique affection, il avait goĂ»tĂ© Ă toutes les jouissances, et il ne lui restait au cĆur que le vide, lâamer dĂ©dain de tout.
Le feuillet quâil dĂ©plia Ă©tait couvert dâune Ă©criture toute diffĂ©rente â Ă©criture de vieillard tremblĂ©e, presque illisible.
Non sans difficulté, quelle que fût son habitude de déchiffrer les vieux textes. M. de Montluzac parvint à lire ce qui suit :
« Monsieur et cher cousin,
« Je suis un Ă©tranger pour vous, et peut-ĂȘtre allez-vous accueillir ma demande par un haussement dâĂ©paules, en jetant au feu cette lettre dâun vieillard inconnu..."
Romance.
Odon de Montluzac, jeune, beau, riche et intelligent, passe sa vie entre ses voyages, ses livres et la vie parisienne. Il reçoit une lettre d'un vieux cousin lointain et désargenté qui l'invite, dans son chùteau de Capdeuilles, pour une affaire importante et grave...