Un ado à la dérive embarqué dans une histoire de truands qui le dépasse...
Le jeune s’est présenté ainsi : pouilleux, crasseux. Seize ans à peine, il attend, planté en plein milieu de la salle. Il a un accent qui roule, un accent de loin, avec des échos de guerre dedans.
Le restaurant est petit, à peine une dizaine de tables, la moquette rouge est usée, les murs défraîchis couverts d’un papier peint verdâtre.
Paulo, le patron, désigne du bout du doigt l’écriteau en carton brun : Fermé.
— Je sais pas lire, qu’il bafouille.
Le vieux ne s’attendait pas à cette réponse. Il pose ses lunettes sur la table et plie son journal à la page des sports. Il jauge ce gosse. Il a le regard sombre, l’œil agressif. Il gratte sa moustache épaisse.
Pâlichon, maigrichon, claque des dents. N’a pas mangé depuis des jours. Il tousse gras, beaucoup. Son visage est creusé, il semble malade.
— Tu sais écrire ?
Max ? Un môme paumé que la dureté des temps tarabuste, mais il y a toujours une lueur d’espoir dans le regard d’une fille... Jérémy Bouquin pose le décor de l’histoire et décrit les relations des personnages avec justesse. Le rythme et le ton transcrivent l’atmosphère du vécu contemporain d’une certaine jeunesse déboussolée.