Nine et Gaspard vivent dans la maison de leur mère, l’Amazone. Nouchka, leur pie, veille sur le trio. La nuit du réveillon, un incendie ravage le paradis de l’enfance. Le lendemain, le frère et la soeur se réveillent seuls chez leur oncle, l’inquiétant Lord.
Ils reçoivent tous les mois une lettre de l’Amazone qui leur dit préparer dans le Sud la nouvelle demeure qui les réunira bientôt.
Quel pacte d’amour et de rêve vont-ils nouer pour conjurer l’absence ?
Récit magique et cruel, féérie moderne, roman d’initiation et d’aventure, ode à la liberté, à l’adolescence, à la tendresse, aux amitiés qui sauvent, Mise à feu envoûte par son émotion. La douce voix grave de Clara Ysé en décuple la puissance poétique et musicale.
Les virgules musicales ont été composées par Camille El Bacha.
Aude
8/4/2024
Gaspard et Nine, respectivement 8 et 6 ans fêtent le réveillon de l’an 2000 avec leur mère et quelques amis. Celle-ci répond au doux surnom de l’Amazone. Quelle mère ne voudrait pas être surnommée ainsi, amazone comme guerrière, comme liberté, comme indépendance. Et puis, le feu s’invite à la fête. Un feu qui ravage tout, crée panique et confusion. Les deux enfants iront vivre chez leur oncle, dit Le Lord, le temps que l’Amazone reconstruise la maison. Des lettres leur seront adressées par l’intermédiaire de Nouchka, une pie, dont les enfants comprennent le langage. L’exil loin de l’Amazone dure huit ans, huit années durant lesquelles les enfants grandissent en gardant ce lien, en fil rouge, des lettres envoyées par leur mère. Un lien qui ne se brise pas, une présence absente, mais une présence forte, une présence attentive, presque tangible. La vie quotidienne n’est pas simple. Le Lord est un homme compliqué : ses colères sont terribles, son comportement parfois tendancieux, ses intentions troubles. Les enfants le fuient tant qu’ils peuvent en restant collés l’un à l’autre. « Mise à feu », raconte cette relation frère-sœur, puissante, vibrante, par les mots de Nine la narratrice. Ensemble, ils s’inventent des mondes, se protègent, se soutiennent, gardent vivant le souvenir de l’Amazone. Si le roman a souvent des allures de conte, des touches de magie dues surtout à l’éblouissement des enfants, à cette réalité qu’ils s’inventent, à cet espoir de retrouver l’Amazone auquel ils s’accrochent, le lecteur, lui, a mille et une interrogations. Un pressentiment le taraude, la conviction qu’il a été caché quelque chose de fondamental à ces enfants, une chose nécessaire à leur épanouissement. Peu à peu, les mots de Nine contrastent avec les attitudes de Gaspard, leurs émotions les distinguent, leurs corps disent d’autres vérités. Et c’est là qu’intervient tout le talent de la lectrice de « Mise à feu », Clara Ysé, également auteur du roman. Clara Ysé est habitée par son texte et je pense très honnêtement que je n’aurais pas eu les mêmes émotions, craintes, angoisses, tendresse et fantasmagorie sans la musicalité de son phrasé dans une lecture papier. Diction parfaite même lors des passages en langues étrangères (anglais et italien), intonations adaptées au moment, elle crée à elle seule, par le seul prisme de sa voix, toute l’atmosphère du livre. Si sa voix est celle de Nine, elle parvient à tisser un vrai lien avec l’auditeur, qui, seul dans son coin, s’interroge. Les enfants ne s’en sortent pas si mal, mais qui est réellement cet oncle soupe au lait, pourquoi la mère ne revient-elle pas (nous savons bien nous, adultes, que des travaux n’empêchent pas une mère de venir voir ses enfants), pourquoi ces travaux sont-ils si longs (huit ans !! C’est interminable) Quelque chose n’est pas clair dans cette histoire, quelque chose se trame, et la voix douce, mélodieuse de Clara Ysé entretient ce malaise, le nourrit, le fait grossir, pendant que les enfants eux, vivent, au jour le jour, dans leur cocon de magie à deux qui ne s’entrouvre que pour la pie et les lettres de l’Amazone. (Lettres lues avec tellement de douceur qu’elles vous collent des frissons) Peu à peu, les années passant, le monde réel pénètre dans le cocon. De nouvelles amitiés, de nouvelles réalités fracturent l’enfance. La tension monte. Le choix des intermèdes musicaux n’y est pas pour rien. Gaspard inquiète. La voix de la narratrice incendie, enflamme les mots, embrase les émotions, ravivent la mémoire … jusqu’à cette fin. Les mots, telles des flammes, clôturent « Mise à feu ». Quelle magnifique découverte audio ! Vierge de tout résumé, j’ai été littéralement sous le charme de cette voix, à la fois voix paisible et vive, chaleureuse et glaciale. Il faut dire que Clara Ysé est également chanteuse et que les ondulations de sa voix sont en peu son métier. Moi qui suis très attachée à l’objet livre, j’ai été totalement happée par cette écoute. J’aime ces auteurs qui lisent leur propre texte : ils y mettent tout leur cœur et toutes leurs émotions. Une écoute troublante, sensuelle et tragique.
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