Dans une vallée reculée, au début du siÚcle dernier, un meurtre, un gendarme obtus, un coupable tout désigné... Un diamant noir...
CE 9 JANVIER 1911, câest un dĂ©nommĂ© SĂ©nĂ©chal, scieur de long, qui dĂ©couvrit, dans un mĂ©andre de la riviĂšre, le corps sans vie de Rubens Carat. Celui-ci, flottant entre deux eaux, sâĂ©tait pris dans une souche dâaulne et se balançait mollement, au grĂ© du courant. Sa chevelure brune avait, a-t-on dit depuis, lâaspect de laminaires mais â si lâon en croit la dĂ©position du tĂ©moin et le rĂ©cit quâil livra, des semaines durant, dâauberges en cafĂ©s â, ce qui retint surtout son attention, ce fut la forme Ă©trange qui nichait sous le menton de la victime : comme une fleur gorgĂ©e de sang, une corolle Ă©carlate et charnue battant au rythme du courant. Ce cadavre Ă©tait en rĂ©alitĂ© on ne peut plus ordinaire : on lui avait simplement tranchĂ© la gorge dâune oreille Ă lâautre.
La belle Ă©criture, prĂ©cise, ciselĂ©e, Ă©lĂ©gante, dâAlain Emery, nous livre un paysage de mesquineries fielleuses, de bĂȘtises crasses, de perversions dissimulĂ©es. Quand la guillotine rĂ©glait la vie sociale, et que le ragot tenait lieu de rapport policier.