Voici l'histoire que je dois te raconter, Saule. C'est l'histoire d'une famille, d'une maison et d'un pays. Elle commence à la veille d'une guerre planétaire, dans une ferme de hameau qu'on appelle Les Chaumes. Elle s'achèvera un siècle plus tard, au même endroit. Entre ces deux époques, tu verras vivre ici quatre générations hantées par des secrets et des fantômes. Tu verras changer les saisons, les habitudes, les lois et les gouvernements. Tu verras des hommes tomber amoureux, rêver de grandes choses, partir à la guerre et en revenir sans mot et sans gloire. Jusqu'à moi. Jusqu'à toi.
Huit comédiens, accompagnés de l'autrice, incarnent avec justesse et émotion les différentes générations de la famille Balaguère, et nous font vivre avec intensité un siècle d'histoire à leurs côtés.
Couverture : Emmanuel Polanco
Elise
11/11/2024
Sublime et émouvante petite histoire familiale qui danse avec la grande histoire de la France du début du XX ème à nos jours à travers les hommes d'un même famille. Reçut sur les origines de la violence, l'écriture et sur l'espoir
Aude
9/16/2024
« Nous traverserons des orages » remonte le temps pour raconter l’histoire de la famille Balaguère. Pour ce faire, le narrateur doit revenir aux origines : un siècle d’histoire familiale et surtout un siècle d’hommes dont la lignée telle des sarments semble pourrie en son pied par une violence intrinsèque. Une violence qui se transmet de père en fils. Le narrateur, dont nous ignorons l’identité s’adresse à Saule, le dernier supposons-nous de la lignée. Dans la famille Balaguère, il est donné à chaque homme un prénom de baptême et le nom d’un arbre. Quoi de plus naturel dans un pays de terres que de fixer chaque être par des racines… Arbre de virilité, de force, de solidité… mais aussi de générosité peut-être, d’hospitalité, d’appartenance. Nous sommes dans le Morvan, dans une maison familiale que l’on appelle les Chaumes, et nous remontons l’histoire des hommes de cette famille. « (…)Tu verras vivre ici quatre générations d’une famille tourmentée par les secrets fantômes. Tu verras changer les saisons, les habitudes, les lois et les gouvernements. Tu verras des hommes tomber amoureux, rêver de grandes choses, partir à la guerre et revenir sans mots et sans gloire. » Pour une fois, je trouve la quatrième de couverture de « Nous traverserons des orages » parfaitement conforme au texte, sans en dire trop, mais suffisamment pour donner envie de se plonger dans cette fresque historique et familiale. Anne-Laure Bondoux a eu l’excellente idée de mélanger la petite histoire et la grande. L’écrivaine utilise des sauts dans le temps pour plus de rythme. Cette plongée historique dans les affres de notre époque et de celle de nos arrière-grands-parents est totalement immersive. Les passages en italique relèvent soit de confidences faites à Saule, le destinataire de cette histoire, soit des précisions sur l’époque, les grands bouleversements du temps, évènements notables de l’Histoire en marche ou réalités des vécus. Car, il s’agit ici de suivre le destin d’hommes lourdement frappés. Anne-Laure Bondoux valse entre les époques, charriant avec elle problématiques d’autres temps, sentiments des uns, révoltes des autres, traditions et envies de liberté, secrets et révélations, fantômes et êtres en quête de libre arbitre. Le chemin est long entre Cytise, le premier de la lignée et Saule. Il faut dire que ceux qui ont quitté les Chaumes pour la Première Guerre, puis la Seconde, puis l’Algérie, ne reviennent pas identiques à ceux qu’ils étaient avant leurs départs. Il faut admettre que le travail de la terre rend les coeurs durs comme de la pierre, les réactions épidermiques, les conséquences des actes irréparables. « Nous traverserons des orages » porte merveilleusement bien son titre, puisque le tonnerre va gronder souvent dans ces vies secouées par les quatre saisons de l’existence. « C’est dans mes gènes. Il n’y a que des morts violentes dans ma famille. Maladies, accidents inexpliqués, suicides. » Ainsi s’exprime le narrateur, lucide, intelligent, conscient des enjeux familiaux et des réalités, sagace, concernant la nécessité de remonter aux sources pour comprendre, subtile dans ses analyses, élégant jusque dans ses émotions, soucieux de ce qu’il va transmettre. Car après lui, il y a un être-Saule, symbole de vie et d’immortalité. Un arbre de vie, d’humanité. Savoir qui l’on est pour savoir où l’on va, connaître les obscurités de la terre qui nous porte, et les complexités de notre arbre généalogique. Tout en faisant partie de cette famille, le narrateur la met à distance pour essayer de mieux la comprendre. Il le fait pour une raison très particulière que l’on ne comprend à la toute fin. Cela rend « Nous traverserons des orages » encore plus bouleversant. Un siècle d’Histoire et d’histoires, et un fil rouge : la violence des hommes. Car, dans la famille Balaguère, la violence se transmet de génération en génération. Par l’ADN, croit-on. Par l’ignorance sans doute. Cytise, Marty, Anzême, Charme, Aloès et ceux après eux sont tous soumis à des injonctions qui les dépassent. « Mais ce jour-là, fidèle aux hommes de ma famille, j’obéis à ce code d’honneur désastreux qui exige de nous, depuis la nuit des temps, d’avoir l’air forts alors que nous ne le sommes pas. » L’héritage génétique familial est terrible. Le fuir ne peut se faire sans heurts, sans cris, sans douleur. Il faut s’échapper à tout prix de cette terre, rigide, granitique pour espérer exister par soi-même et s’autoriser une mue salutaire. Mais… cette terre, ces gènes, cette histoire familiale est inhérente à qui nous sommes et nous finissons tous par y revenir tant elle fait partie de nous. Anne-Laure Bondoux, comme Sandrine Collette ou Franck Bouysse et d’autres décrivent si bien cet attachement, cette allégeance presque, ce dévouement contraint, cette oppression qui empêche parfois de respirer. « (…) et je n’en prends conscience que maintenant, c’est que j’étouffais à petit feu dans cette famille en deuil. Et quelqu’un qui étouffe, voyez-vous, ça ne fait pas de bruit. » Entre captivité et indépendance, la balance penche tantôt à gauche, tantôt à droite. « Ni paysan ni citadin, ni inculte ni érudit, ni fort ni faible, je suis un peu tout cela à la fois et je me sens pareil à un organe transplanté dans un corps qui chercherait sans cesse le rejeter. » « Nous traverserons des orages » est aussi un roman dans lequel on s’aime… furieusement, avec raison et déraison, à corps perdu, à silences tendus. L’amour sous toutes ses formes y est omniprésent. Il est intéressant de voir comment, à travers les époques, certains se détachent de la terre pour partir aimer. « Aloès le sait, pour gagner sa liberté, il doit oublier d’où il vient. » En quittant les Chaumes, certains se retrouvent confrontés à la ville, à l’évolution des mentalités et sentent le pouls d’une vie nouvelle palper sous leur peau. L’amour prend alors d’autres chemins que les mariages arrangés du passé, la liberté de choix s’impose, les coeurs battent à l’unisson. Mais quand on aime, ne souffre-t-on pas toujours un peu ? Les hommes Balaguère ne sont-ils pas un peu maudits par les secrets et les fantômes ? J’ai été totalement sous le charme de ces tranches de vie mêlées à l’Histoire du siècle. « Nous traverserons des orages » condense l’essentiel des grands événements du monde et permet ainsi le constat de l’évolution de la société. Les hommes pourtant restent des hommes, avec leurs failles, leurs entailles au coeur, leurs espoirs. Aux chaumes, on ne parlait pas. Il aura suffi d’un seul homme pour rompre le cercle infernal… Encore fallait-il en avoir le courage. Quelle belle preuve d’amour et de perspicacité que de dévoiler l’histoire de ses racines ! « Les vieux mensonges tourmentent nos consciences, Aloès. Plus on s’évertue à enfouir la vérité, plus elle nous déborde. » Je découvre Anne-Laure Bondoux avec ce texte. J’ai pensé de nombreuses fois qu’il serait tellement judicieux de le faire lire à nos adolescents tant le romanesque suit la grande Histoire ! Enfin, « Nous traverserons des orages » permet également de se questionner sur notre époque, notre futur, l’avenir de ce monde devenu si fou et tellement hors de contrôle. « Est-ce que le monde serait moins violent si les hommes pleuraient plus souvent ? Est-ce qu’Hitler savait pleurer ? Est-ce que Vladimir Poutine sait pleurer ? Nous avons traversé tant d’orages. Saurons-nous encore traverser ceux qui s’annoncent ? » Je ne peux que vous encourager à partir à la rencontre de cette famille, de ses racines, de ses hommes écrasés par le poids des attentes, des guerres et des non-dits. C’est un magnifique roman sur la transmission, et la recherche de vérité. Parution le 27 septembre chez Gallimard Jeunesse. 4è de couverture : Voici l’histoire que je dois te raconter, Saule. C’est l’histoire d’une famille, d’une maison et d’un pays. Elle commence à la veille d’une guerre planétaire, dans une ferme de hameau qu’on appelle Les Chaumes. Elle s’achèvera un siècle plus tard, au même endroit. Entre ces deux époques, tu verras vivre ici quatre générations hantées par des secrets et des fantômes. Tu verras changer les saisons, les habitudes, les lois et les gouvernements. Tu verras des hommes tomber amoureux, rêver de grandes choses, partir à la guerre et en revenir sans mot et sans gloire. Jusqu’à moi. Jusqu’à toi.
Lisa
8/25/2024
Un des meilleurs livres de l'année 2023!
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