Bien que le sort du comté de Nice paraisse lié depuis plusieurs siècles à celui de la Savoie, ce serait une erreur de penser que leurs histoires se confondent. Le comté de Nice a eu depuis ses origines une vie particulière, mouvementée et, même lorsque les hasards politiques l’ont rapproché de la Savoie, il a poursuivi son évolution propre, sa destinée déterminée par des raisons géographiques et ethniques. L’originalité du comté de Nice résulte de sa complexité. Une suite de vagues humaines sont venues se briser sur ses côtes... La géographie est en partie responsable de cette complexité. Ce pays serait en effet un des plus tourmentés, des plus inextricables et des moins accessibles qui soient s’il n’avait sa côte aux fines articulations et aux baies admirablement abritées. Cette côte a tenté successivement des peuples commerçants désireux de fonder des comptoirs, des pirates cherchant des ports d’attache pour en faire le point de départ de razzias, les comtes de Provence qui revendiquaient le pays de Nice comme leur appartenance la maison de Savoie soucieuse d’assurer à ses états continentaux un débouché sur la mer, enfin la France qui voit à juste titre dans la Rivière de ponent le complément de son littoral méditerranéen et qui a su l’adapter aux exigences raffinées d’une époque de bien-être... (extrait de la Préface, édition originale de 1932).
Robert Latouche, né au Mans (1881-1973), historien, archiviste, professeur d’université à qui l’on doit de nombreux ouvrages historiques dont une Histoire du Comté du Maine (Xe-XIe siècle) ; Mélanges d’histoire de Cornouaille ; La vie en Bas-Quercy du XIVe au XVIIIe siècle, etc. Archiviste du département des Alpes-Maritimes de 1920 à 1928, il publie en 1932 cette Histoire du Comté de Nice qui reste un classique du genre.