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Pierre et Luce

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Pierre le sait: «Dans six mois la patrie aura besoin de sa chair. La guerre la rĂ©clame.» Mais Paris est dĂ©jĂ  sous les bombes. Pierre ferme les yeux et plonge dans les tĂ©nĂšbres du mĂ©tro pour fuir les dĂ©tonations sourdes. Quand il rouvre les yeux, il la voit, en bas—Luce. «Le silence. La paix. Elle est lĂ .» Et bientĂŽt il la perd du regard. Et bientĂŽt il la revoit, enfin. Mais c'est toujours la guerre — cette guerre qui «ne mĂšne Ă  rien» — qui de nouveau les sĂ©pare...

Romain Rolland (1866-1944) est un Ă©crivain français, et une figure de la non-violence, Ă  l’image de TolstoĂŻ et Gandhi qu’il admire. Il commence une carriĂšre de professeur. Mais lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, il est bouleversĂ©. Pour lui c’est certain: l’Europe va au suicide. Il est et demeure en Suisse, pour tĂ©moigner de sa neutralitĂ©. Il y publie un appel pacifiste, «Au-dessus de la mĂȘlĂ©e». Il reçoit le Prix Nobel de littĂ©rature de 1915 par l’AcadĂ©mie suĂ©doise. Depuis 1906 il entretient des relations Ă©pistolaires avec Alphonse de ChĂąteaubriant, ainsi qu’avec Louis Aragon et Stefan Zweig. Il correspond aussi avec Sigmund Freud, sur le sentiment ocĂ©anique. MalgrĂ© une pĂ©riode oĂč il soutient l’URSS face Ă  un Hitler qui s’impose, il se dĂ©tourne de la politique, et en 1939 prĂ©side le ComitĂ© mondial contre la guerre et le fascisme. La correspondance avec Stefan Zweig est d’une importance capitale pour sa philosophie et la littĂ©rature. Zweig qualifiera Rolland de «Conscience de l'Europe».