Qui donc a osé prétendre que la bonne vieille « mise en abyme » était un procédé romanesque dépassé ? C'est avec maîtrise et un évident plaisir qu'André Girard réinvente ici, avec l'écriture économique et efficace qu'on lui connaît déjà, la recette si chère aux écrivains de ce que l'on a légèrement nommé « le nouveau roman ».
Quand on sait de plus que la première version de Port-Alfred Plaza constituait une thèse de doctorat en création littéraire dirigée par nul autre que le grand écrivain Neil Bissoondath, nous avons toutes les prémisses à un roman à la fois déroutant, mais d'une redoutable intelligence.
Quand Étienne délaisse sa thèse de doctorat pour se rendre à Port-Alfred, il n'a qu'un seul but : écrire un roman basé sur huit cassettes audio enregistrées par un autre étudiant à l'insu de ses sujets : un barbier à la retraite, un chauffeur de taxi à la grande gueule, un manœuvre du port et une prostituée vieillissante. Mais voilà que ses plutôt bonnes intentions sont modifiées par l'apparition d'une séduisante femme de ménage de l'hôtel, l'énigmatique Joanna, férue de littérature mais surtout créatrice d'un site web porno-fétichiste destiné exclusivement à une clientèle nipponne...
Jusqu'où Étienne acceptera-t-il de participer aux étranges rituels de la belle ? Comment arrivera-t-il à concilier l'écriture de son roman et les bizarres distractions qui lui sont proposées ? Et quels rôles joueront dans l'aventure les quatre figures emblématiques qui devaient lui servir de matière romanesque première ?