Sâil existe une tendance lourde Ă notre Ă©poque, câest bien celle de lâavancĂ©e des sciences et des technologies. Cette tendance sâimpose comme un rouleau compresseur quels que soient les alĂ©as de lâhistoire et des conjonctures Ă©conomiques. Câest lâentreprise qui transforme, souvent dĂšs leur apparition, les connaissances scientifiques en technologies et celles-ci, en produits et en services. En maĂźtrisant les mĂ©thodes et les outils de la technoscience, elle a mis le pouvoir de la connaissance au service de ses stratĂ©gies Ă©conomiques. La technoscience lui offre en permanence des opportunitĂ©s nouvelles et des armes concurrentielles plus puissantes. Elle devient ainsi un Ă©lĂ©ment clĂ© du dĂ©veloppement Ă©conomique et du pouvoir concurrentiel. Lâentreprise apparaĂźt dĂšs lors comme le mĂ©diateur principal entre la science et la sociĂ©tĂ©. Est-elle pour autant un agent de progrĂšs ? Câest la question que cet essai se propose de traiter.
Philippe de Woot est juriste et Ă©conomiste. Professeur Ă lâUniversitĂ© catholique de Louvain et Membre de lâAcadĂ©mie royale de Belgique, il est lâauteur de plusieurs ouvrages prĂŽnant une rĂ©flexion morale sur lâinnovation technologique et une Ă©thique sociale aux stratĂ©gies des entreprises.