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Revue Amplitudes : #2 L'amour des contretemps

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Il est frĂ©quent de rĂȘver au temps qui passe trop vite, Ă  ce temps qui nous file entre les doigts, ce temps que nous voudrions retarder en lui gardant la couleur d’un « dĂ©jĂ  passĂ© ». Cette illusion de « suspendre » ou « d’accĂ©lĂ©rer » le temps nous tient Ă  cƓur car elle est bien lĂ  pour nous persuader que nous avons une emprise sur lui. Il nous est difficile d’accepter l’idĂ©e que « le temps est un vide ». En disant qu’un « jour est historique », un tel effet d’annonce nous donne l’illusion d’une prise de possession du temps. L’idĂ©e mĂȘme d’histoire, dans la vie quotidienne, ne semble prendre sens que dans une relation de dĂ©fi entre ce qui arrive – l’évĂ©nement – et le sentiment de destin. Quel sens a la passion contemporaine de la restauration patrimoniale du passĂ© ? La reconfiguration des paysages obĂ©it Ă  des modĂšles de plus en en plus identiques comme si notre regard devait se satisfaire de la nĂ©gation mĂȘme des mĂ©tamorphoses naturelles. Face Ă  la contingence du futur, la reprĂ©sentation la plus commune de la continuitĂ© temporelle puise sa lĂ©gitimitĂ© dans la sauvegarde acharnĂ©e des « mĂ©moires collectives ». Mais une grande crise de la mĂ©moire s’annonce avec la maladie d’Alzheimer – l’ivresse du dĂ©sƓuvrement de la mĂ©moire.