Biographie d'une intellectuelle et vision de l'histoire tchécoslovaque
Milena n’était pas de ces gens qui tiennent une autorité quelle qu’elle soit pour absolue. Personne ne pouvait la forcer à écrire ou à parler contre ses convictions, dans quelque intérêt que ce fût, sous couvert de la discipline du Parti ou d’ autre chose. Jana Cerná
Jana Cerná était encore une petite fille lorsqu’elle vit pour la dernière fois sa mère, Milena Jesenská, dans les couloirs de la prison de la Gestapo à Prague. Depuis sa mort à Ravensbrück en 1944, la journaliste Milena Jesenská n’a cessé de hanter l’opinion publique de son pays : exprimant ouvertement des prises de position antistaliniennes et antifascistes, elle est une des personnalités les plus remarquables de la société intellectuelle tchèque d’entre-deux-guerres. La publication des Lettres à Milena de Kafka révèle au monde celle qui fut aussi sa première traductrice. En 1955, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem lui décerna en hommage posthume le titre de « Juste parmi les Nations ».
Jana Cerná retrace la vie de sa mère à partir de ses propres souvenirs, de témoignages récoltés, de correspondances et d’articles. Frappé d’interdit à sa sortie en 1969 en Tchécoslovaquie, Vie de Milena restitue une image personnelle et intime de Milena Jesenská et s’avère également un passionnant document historique.
Plongez-vous dans la vie d'une femme à contre-courant !
EXTRAIT
Dès les premiers temps, Milena reconnaît la valeur littéraire de Kafka. La mesurant très tôt, elle agit en conséquence : elle s’ intéresse à ses oeuvres et entreprend leur traduction. Elle sent également qu’il possède une sorte de grandeur dont elle a l’intuition dès les premières lettres. Mais c’est une grandeur tellement particulière, tellement différente de son propre naturel à elle, qu’elle en éprouve comme une angoisse.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Jana Černá, que sa mère et ses proches (Egon Bondy, Bohumil Hrabal et bien d’autres) appelaient Honza, offre aux lecteurs un document passionnant, extrêmement fouillé et sensible. - Jacques Josse, remue.net
Cette biographie vaut bien des romans, mais elle conserve sur ces derniers l'avantage d'avoir été vécue. Et puisque nous avons le désir de vouloir surprendre les hommes et les femmes dans leur vie intérieure profonde, faisons bon accueil à ce livre dont l'auteur a l'art d'aiguiser le tranchant des ses idées. L'art d'écrire en somme. - La Marseillaise
À PROPOS DES AUTEURS
Jana Černá naît à Prague en 1928, de l'architecte avant-gardiste J. Krejcar et de Milena Jesenská, la célèbre Milena de Kafka, journaliste et résistante. Confiée à son grand-père à la mort de ses parents, Jana Černá a suivi des études artistiques. Personnage fantasque à l'existence rocambolesque, elle est l'une des personnalités marquantes de la dissidence tchécoslovaque. Elle meurt en 1981 dans un accident de la route.
Barbora Faure est née à Prague où elle a passé son enfance avant de vivre en France. Passionnée par la littérature de la dissidence tchèque, elle se lance dans la traduction dès 1968, d'abord d'ouvrages de vulgarisation naturaliste, puis d'oeuvres littéraires.