M. Gradgrind a donnĂ© Ă ses enfants Tom et Louise, une Ă©ducation rigoureuse, sans tendresse, ne laissant place ni Ă l'imagination, ni Ă la rĂȘverie, comme il nous l'explique: «Ce que je veux, ce sont des faits. Enseignez des faits Ă ces garçons et Ă ces filles, rien que des faits. Les faits sont la seule chose dont on ait besoin ici-bas.». Louise Ă©pouse M. Bounderby, l'ami de M Gradgrind, riche industriel parti de rien et fier de sa rĂ©ussite. Il emploiera Tom dans sa banque comme comptable. Le destin semble tracĂ© pour tout le monde, quand un nouveau personnage entre en scĂšne, M. Harthouse, un jeune dandy qui a beaucoup d'influence sur Tom. De plus un vol survient Ă la banque de M. Bounderby. Un honnĂȘte ouvrier, Ătienne Blackpool, est accusĂ© du vol, mais qui est rĂ©ellement le coupable?... Roman le plus engagĂ© de Dickens, Les Temps difficiles nous plonge dans les dĂ©buts de la rĂ©volution industrielle qui transforme l'aimable campagne anglaise en un pandĂ©monium d'usines, de canaux, d'installations miniĂšres, de fabriques, d'entrepĂŽts, de banlieues misĂ©rables, oĂč survit un prolĂ©tariat totalement exploitĂ©. Sous un ciel de suie, Coketown, la ville du charbon (Manchester en rĂ©alitĂ©), est d'autant plus l'image de l'enfer que la classe ouvriĂšre n'y est pas encore organisĂ©e et qu'elle apparaĂźt ainsi comme la victime toute dĂ©signĂ©e de politiciens sans scrupules et d'une bourgeoisie, parfois compatissante et troublĂ©e dans son confort moral, mais toujours persuadĂ©e de la divinitĂ© de ses droits. Le roman de Dickens correspond point pour point Ă l'analyse qu'en ces mĂȘmes annĂ©es et dans cette mĂȘme Angleterre, Fr. Engels entreprenait de la naissance du capitalisme moderne. extrait : Bounderby, dit M. Gradgrind en approchant une chaise du feu, vous vous ĂȘtes toujours trop intĂ©ressĂ© Ă mes jeunes gens, surtout Ă Louise, pour que j'aie besoin de m'excuser avant de vous confier que cette dĂ©couverte m'a beaucoup, beaucoup peinĂ©. Je me suis systĂ©matiquement dĂ©vouĂ©, vous ne l'ignorez pas, Ă l'Ă©ducation de la raison chez mes enfants. La raison, vous savez, est la seule facultĂ© Ă laquelle doive s'adresser l'Ă©ducation.