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Le roman d'un jeune homme pauvre

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Octave Feuillet,est un romancier et dramaturge français, surnommĂ© le « Musset des familles ». Il fut membre de l'AcadĂ©mie française. On le destinait Ă  la diplomatie, lorsque son pĂšre, Ă  qui il confia son intention de devenir plutĂŽt Ă©crivain, le renia. Au bout de trois ans, son pĂšre lui pardonna et lui fit une pension. Feuillet put jouir alors d’une existence confortable Ă  Paris et publia ses premiers romans. Le Roman d’un jeune homme pauvre fut trĂšs populaire. Extrait : On a mis alors sur le tapis, dans un pĂȘle-mĂȘle charmant, tous les chevaux, tous les chiens et toutes les dames du canton. Il serait Ă  dĂ©sirer, par parenthĂšse, que les femmes pussent assister secrĂštement, une fois en leur vie, Ă  une de ces conversations qui se tiennent entre hommes dans la premiĂšre effusion qui suit un repas copieux : elles y trouveraient la mesure exacte de la dĂ©licatesse de nos mƓurs et de la confiance qu'elle doit leur inspirer. Au surplus, je ne me pique nullement de pruderie ; mais l'entretien dont j'Ă©tais le tĂ©moin avait le tort grave, Ă  mon avis, de dĂ©passer les limites de la plaisanterie la plus libre : il touchait Ă  tout en passant, outrageait tout gaiement et prenait un caractĂšre trĂšs gratuit d'universelle profanation. Or mon Ă©ducation, trop incomplĂšte sans doute, m'a laissĂ© dans le cƓur un fonds de respect qui me paraĂźt devoir ĂȘtre rĂ©servĂ© au milieu des plus vives expansions de la bonne humeur. Cependant nous avons aujourd'hui en France notre jeune AmĂ©rique, qui n'est point contente si elle ne blasphĂšme un peu aprĂšs boire ; nous avons d'aimables petits bandits, espoir de l'avenir, qui n'ont eu ni pĂšre ni mĂšre, qui n'ont point de patrie, qui n'ont point de Dieu, mais qui paraissent ĂȘtre le produit brut de quelque machine sans entrailles et sans Ăąme qui les a dĂ©posĂ©s fortuitement sur ce globe pour en ĂȘtre le mĂ©diocre ornement.