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La religieuse

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Au XVIIIe siĂšcle, une jeune fille nommĂ©e Suzanne Simonin est contrainte par ses parents de prononcer ses vƓux au terme de son noviciat. En effet, pour de prĂ©tendues raisons financiĂšres, ceux-ci ont prĂ©fĂ©rĂ© enfermer leur fille au couvent. C’est en rĂ©alitĂ© parce qu’elle est une enfant illĂ©gitime et que sa mĂšre espĂšre ainsi expier sa faute de jeunesse. C’est dans la communautĂ© des clarisses de Longchamp qu’elle rencontre la supĂ©rieure de Moni. Celle-ci, une mystique, se lie d’amitiĂ© avec la jeune fille avant de mourir. Extrait : Le voici pourtant arrivĂ© ce moment oĂč il s'agissait de montrer si je savais me tenir parole. Un matin, aprĂšs l'office, je vis entrer la supĂ©rieure chez moi. Elle tenait une lettre. Son visage Ă©tait celui de la tristesse et de l'abattement ; les bras lui tombaient ; il semblait que sa main n'eĂ»t pas la force de soulever cette lettre ; elle me regardait ; des larmes semblaient rouler dans ses yeux ; elle se taisait et moi aussi ; elle attendait que je parlasse la premiĂšre ; j'en fus tentĂ©e, mais je me retins. Elle me demanda comment je me portais ; que l'office avait Ă©tĂ© bien long aujourd'hui ; que j'avais un peu toussĂ© ; que je lui paraissais indisposĂ©e. À tout cela je rĂ©pondis : « Non, ma chĂšre mĂšre. » Elle tenait toujours sa lettre d'une main pendante ; au milieu de ces questions, elle la posa sur ses genoux, et sa main la cachait en partie ; enfin, aprĂšs avoir tournĂ© autour de quelques questions sur mon pĂšre, sur ma mĂšre, voyant que je ne lui demandais point ce que c'Ă©tait que ce papier, elle me dit : « VoilĂ  une lettre... »