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Le neveu de Rameau

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Le Neveu de Rameau ou La Satire seconde est un dialogue Ă©crit par Denis Diderot sans doute entre 1762 et 1773. Il s'agit d'une discussion Ă  bĂątons rompus entre Moi, le narrateur, philosophe, et Lui, Jean-François Rameau, neveu du cĂ©lĂšbre compositeur Jean-Philippe Rameau. L'Ă©pigraphe du livre, « Vertumnis, quotquot sunt, natus iniquis » (« nĂ© sous l'influence maligne de tous les Vertumnes rĂ©unis ») est Ă  rapprocher du sous-titre de satire seconde, du latin satura (mĂ©lange). Au dĂ©cĂšs de Diderot, un exemplaire manuscrit part en Russie et un ou deux autres restent en France, dans la famille du philosophe. Quinze ou vingt ans aprĂšs, un Russe, qui a lu et apprĂ©ciĂ© le livre, le fait dĂ©couvrir Ă  Schiller, qui le prĂ©sente Ă  son tour Ă  Goethe. Ce dernier, admiratif, traduit le texte en allemand et le publie en 1805. Il est traduit en français en 1821. En 1891, Georges Monval trouve par hasard, dans un lot de documents achetĂ© chez un bouquiniste parisien, un autre exemplaire du Neveu, manuscrit et autographe de Diderot qui constitue depuis lors le texte de rĂ©fĂ©rence des Ă©ditions rĂ©centes. Extrait : C'est un philosophe dans son espĂšce. Il ne pense qu'Ă  lui ; le reste de l'univers lui est comme d'un clou Ă  soufflet. Sa fille et sa femme n'ont qu'Ă  mourir, quand elles voudront ; pourvu que les cloches de la paroisse, qu'on sonnera pour elles, continuent de rĂ©sonner la douziĂšme et la dix-septiĂšme tout sera bien. Cela est heureux pour lui. Et c'est ce que je prise particuliĂšrement dans les gens de gĂ©nie. Ils ne sont bons qu'Ă  une chose. PassĂ© cela, rien. Ils ne savent ce que c'est d'ĂȘtre citoyens, pĂšres, mĂšres, frĂšres, parents, amis. Entre nous, il faut leur ressembler de tout point ; mais ne pas dĂ©sirer que la graine en soit commune. Il faut des hommes ; mais pour des hommes de gĂ©nie ; point. Non, ma foi, il n'en faut point. Ce sont eux qui changent la face du globe ; et dans les plus petites choses, la sottise est si commune et si puissante qu'on ne la rĂ©forme pas sans charivari.