« â Câest Milan ?
Pris de court, Demba a regardĂ© par la fenĂȘtre et sâest contentĂ© de lire ce quâil avait aperçu sur un panneau Ă fond bleu.
â Non, monsieur, bientĂŽt, pour le moment nous sommes Ă Sottopassaggio, dans la banlieue proche.
â Oui, câest vraiment trĂšs proche, jâai ajoutĂ©, pour avoir lâair dâun mec qui connaissait sur le bout de ses doigts la province lombarde.
Le type sâest fendu dâun rire discret et nous a expliquĂ© avec un brin de condescendance que âsottopassaggioâ voulait dire âpassage souterrainâ, mais que le grand panneau âMilano Centraleâ quâon pouvait dĂ©sormais apercevoir signifiait que nous Ă©tions bien Ă Milan. Demba a rĂ©pondu que câĂ©tait une vanne, le passager sâest senti con et sâest avancĂ© vers lâautre porte, au bout du couloir.
â Bonne vanne, jâai vraiment cru que câĂ©tait un nom de ville.
â Pareil. »
Roman vient de trouver un job sur le Paris-Venise, le train de nuit le plus en retard dâEurope. Un signe. Lui non plus nâest pas trĂšs en avance dans sa vie. Ă presque trente ans, dĂ©crocher ce poste de couchettiste ressemble Ă une consĂ©cration⊠Les trafics de clandestins, les douaniers avinĂ©s, les descentes de pickpockets venus piller la diligence : tout peut arriver dans ce thĂ©Ăątre ambulant. MĂȘme tomber amoureux.
InspirĂ© de faits rĂ©els, Paris-Venise confirme le talent de Florent Oiseau qui mĂȘle admirablement humour et sensibilitĂ©.