La colĂšre et la lassitude exprimĂ©es par les surveillants pĂ©nitentiaires, au cours de ces derniers mois, nous ont rappelĂ© Ă tous que la prison, ce nâest pas seulement des murs et des barreaux. La prison, câest aussi une histoire dâhumanitĂ©s. De destins croisĂ©s, de journĂ©es et de longues nuits partagĂ©es, une promiscuitĂ© parfois insupportable. Une communautĂ© de vie qui sâimpose, au-delĂ des statuts et des diffĂ©rences. MalgrĂ© la surpopulation, malgrĂ© la violence presque quotidienne et lâoubli frĂ©quent de ceux qui sont Ă lâextĂ©rieur. Il faut ici coexister. Chez les surveillantes de ce huis clos exclusivement fĂ©minin, Isabelle Rome a retrouvĂ© le mĂȘme sentiment dâisolement que chez celles qui y sont enfermĂ©es. Loin de toute dĂ©magogie, elle pose cette question : se satisfaire dâune prison fermĂ©e sur elle-mĂȘme, Ă©chouant Ă remplir sa mission de rĂ©insertion, nâest-ce pas relĂ©guer dĂ©tenues, personnel pĂ©nitentiaire et, finalement, lâensemble de notre justice « Ă lâombre de la RĂ©publique » ? Rome Isabelle : Plus jeune juge de France, Isabelle Rome nâa que 23 ans lorsquâelle est nommĂ©e juge de lâapplication des peines Ă Lyon et oĂč elle sâimplique dans plusieurs associations et actions de prĂ©vention de la dĂ©linquance. Elle a occupĂ© des fonctions pĂ©nales dans diverses juridictions et a servi en cabinet ministĂ©riel. Elle est aujourdâhui PrĂ©sidente de cour dâassises, auprĂšs de la Cour dâappel de Versailles. Elle a dĂ©jĂ publiĂ© « Vous ĂȘtes naĂŻve madame le juge » (Editions du Moment, 2012).