Arthur Conan Doyle (1859-1930)
"Sherlock Holmes alla prendre un flacon sur le coin de la cheminĂ©e, puis, tirant de son Ă©crin une seringue Pravaz, de ses doigts effilĂ©s et nerveux il ajusta lâaiguille acĂ©rĂ©e au bout de lâinstrument et releva sa manche gauche. Un instant ses yeux restĂšrent fixĂ©s avec une expression songeuse sur son avant-bras si musclĂ©, son poignet si nerveux, lâun et lâautre remplis dâinnombrables cicatrices occasionnĂ©es par toutes les piqĂ»res quâil se faisait. Enfin il se dĂ©cida Ă enfoncer lâaiguille sous la peau et, aprĂšs avoir pressĂ© la tige de son instrument, il se laissa tomber dans un fauteuil de velours, en poussant un long soupir de soulagement.
Trois fois par jour depuis bien des mois jâavais assistĂ© Ă pareille opĂ©ration ; mais je nâavais pu encore en prendre mon parti. Au contraire, de jour en jour ce spectacle mâirritait davantage ; chaque nuit je sentais ma conscience se rĂ©volter devant la lĂąchetĂ© qui mâempĂȘchait de protester ouvertement contre une telle manie. Bien des fois jâavais fait le serment dâapaiser mes remords en accomplissant mon devoir ; mais lâair froid, ennuyĂ©, de mon compagnon glaçait toujours les paroles sur mes lĂšvres. Ses facultĂ©s extraordinaires, lâautoritĂ© que lui donnaient ses connaissances si Ă©tendues, les nombreuses preuves que jâavais eues de toutes ses qualitĂ©s, tout contribuait Ă changer mon hĂ©sitation en inertie, tant je craignais de le contrarier."
Il y a dix ans, le pÚre de Mary Morstan a disparu dÚs son retour à Londres ; chaque année, depuis 6 ans, elle reçoit une magnfique perle ; aujourd'hui, on lui donne un rendez-vous anonyme. Sherlock Holmes accepte de l'aider...