Kim ThĂșy nous livre son nouveau roman puissant et raffinĂ©, Ă la hauteur de son talent. MĂŁn est une histoire dâamour entre une femme et celles qui lâont, tour Ă tour, fait naĂźtre, allaitĂ©e, Ă©levĂ©e. Elle a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e dans le potager dâun temple bouddhiste sur le bord dâun des bras du MĂ©kong par une adolescente. Une moniale lâa recueillie et nourrie dâeau, de riz et du lait des seins dâune mĂšre voisine, avant de la confier Ă une autre femme â enseignante de jour, espionne en tout temps. MĂŁn parle de lâamour Ă lâenvers, celui qui doit se taire, celui qui ne peut ĂȘtre vĂ©cu, celui qui ne doit pas sâinscrire dans le temps en souvenirs, en histoires. Or, juste avant la fin, ou au milieu dâun nouveau dĂ©but, ailleurs, loin de la chaleur tropicale, prĂšs du corps, dans la lenteur aĂ©rienne des flocons de neige, il y a eu un amour Ă lâendroit, câest-Ă -dire un amour ordinaire nĂ© dâune rencontre ordinaire, avec un homme ordinaire, ce qui Ă©tait pour elle lâextraordinaire, lâimprobable. MĂŁn, câest lâapprentissage du mot « aimer » pour donner suite Ă la dĂ©finition du verbe « vivre » de Ă toi et Ă la conjugaison de « survivre » de Ru.