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Saison 1 - 15. Constance Debré : “Il ne faut pas se laisser bouffer par des colonnes de livres”

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« Si la littérature n’est pas là pour parler de la solitude fondamentale de nos vies, je ne vois pas très bien à quoi elle sert. » (9’17) Dans cet épisode du Book Club, la journaliste Agathe de Taillandier se rend chez Constance Debré, dans son studio parisien. Un lit, des tréteaux, un bureau pour écrire… Constance Debré vit de manière spartiate depuis qu’elle a abandonné son métier d’avocat pour devenir romancière. « C’était très bien que ce changement de rapport au monde, ce glissement, se matérialise par une table rase au premier degré. » (3’26)

Peu de livres, donc, dans son appartement. Constance Debré a vendu la grande majorité de sa bibliothèque après avoir changé de métier. « Les livres, ce sont des signes qui nous ont traversé le cortex à un moment, qui nous ont façonné plus ou moins, mais ce n’est pas pour autant qu’on est obligé de les garder. Ce ne sont rien que des signes. » (4’05) Certains ouvrages lui manquent, mais il ne faut selon elle pas « se laisser bouffer » par ses possessions (5’29): « les livres, on les trimballe vachement en soi quand même. » (6’09)

L’autrice de Love me tender a choisi de parler de Képas (un terme faisant référence aux paquets contenant de l’héroïne), un roman de Denis Belloc Elle raconte avoir été bouleversée par ce roman d’inspiration autobiographique: «C’est un livre somptueux, si on n’a pas peur des choses un peu dures, mais la littérature est aussi là pour dire la beauté de la violence des vies. » (7’41)

Belloc raconte dans ce récit son addiction à l’héroïne, très rapide et violente, dans le Paris des années 80. « Il plonge complètement, c’est ça qui est aussi très beau. » (7’16) Une histoire qui résonne avec la trajectoire personnelle de Constance Debré, dont les parents consommaient de l’opium et de l’héroïne. « C’est à la fois douloureux, et en même temps c’est quelque chose que je comprenais. J’ai toujours compris les toxicomanes, même si je ne le suis pas moi-même. J’ai parfois l’impression que je ne m’entends qu’avec les gens qui ont ce tempérament » (10’15)

Képas n’est pas qu’un roman sur la came. Belloc y évoque également de manière crue ses expériences sexuelles, ce qui a particulièrement touché Constance Debré. « Il y a des milliards de choses qui peuvent se passer entre deux êtres qui pendant un moment, des mois ou une nuit vont se toucher. Mais ce n’est jamais quelque chose qui n’a pas de sens. C’est quelque chose de tellement obscur, de mystérieux, fait de solitude, de tendresse, de désespoir et de douceur, de fuite et d’arrêt de la fuite. » (19’10)

Pour Constance Debré, Képas est un roman unique, certes « trash » (7’15), mais magnifique. Un roman dont la lecture l’a transformée, et qui continue désormais de vivre en elle. « Ce n’est pas pour lire de jolies histoires qui me distraient que je lis, c’est pour entendre ça. » (9’26)

Cet entretien a été mené par Agathe Le Taillandier. Le montage a été réalisé par Hortense Chauvin et Maud Benakcha, qui était également en charge de l’édition et de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix et Charlotte Pudlowski était à la rédaction en chef.

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