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La Petite Comtesse

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Cette nouvelle d'amour d'Octave Feuillet (1821-1890), dont l'épilogue est cruel mais aussi apaisé, est parue dans la Revue des deux mondes en 1856.

« La jeune femme (...) Ă©tait appuyĂ©e sur la balustrade, exposant hardiment Ă  la rosĂ©e d'un soir d'automne et aux baisers de Diane sa tĂȘte jonchĂ©e de fleurs et ses Ă©paules nues : elle se penchait lĂ©gĂšrement, et tendait aux lutteurs un objet assez difficile Ă  discerner de loin : c'Ă©tait une fine cigarette, dĂ©licat travail de sa main blanche et de ses ongles roses. Bien que ce spectacle n'eĂ»t rien que de charmant, M. de Malouet y trouva apparemment quelque chose qui ne lui plut pas, car son accent de bonne humeur se nuança d'une teinte assez sensible d'impatience lorsqu'il murmura : Allons ! j'en Ă©tais sĂ»r ! c'est la petite comtesse !

Je n'ai pas besoin d'ajouter que j'avais reconnu dans la petite comtesse mon amazone aux plumes bleues, qui, avec ou sans plumes, paraĂźt avoir le mĂȘme tempĂ©rament. Elle me reconnut trĂšs bien de son cĂŽtĂ©, comme tu vas le voir. Au moment oĂč nous achevions, M. de Malouet et moi, de monter le perron, laissant les prĂ©tendants rivaux se dĂ©battre et s'Ă©lancer avec une ardeur croissante, la petite comtesse, intimidĂ©e peut-ĂȘtre par la prĂ©sence du marquis, voulut en finir et me mit brusquement sa cigarette dans la main en me disant : Tenez ! c'est pour vous ! Au fait, c'est vous qui sautez le mieux. »

Source: https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89tudes_de_la_vie_mondaine_%E2%80%93_La_Petite_Comtesse