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Croc-Blanc

E-book


Jack London (1876-1916)

"De chaque cĂŽtĂ© du fleuve glacĂ©, l’immense forĂȘt de sapins s’allongeait, sombre et comme menaçante. Les arbres, dĂ©barrassĂ©s par un vent rĂ©cent de leur blanc manteau de givre, semblaient s’accouder les uns sur les autres, noirs et fatidiques, dans le jour qui pĂąlissait. La terre n’était qu’une dĂ©solation infinie et sans vie, oĂč rien ne bougeait, et elle Ă©tait si froide, si abandonnĂ©e que la pensĂ©e s’enfuyait, devant elle, au delĂ  mĂȘme de la tristesse. Une sorte d’envie de rire s’emparait de l’esprit, rire tragique, comme celui du Sphinx, rire transi et sans joie, quelque chose comme le sarcasme de l’ÉternitĂ© devant la futilitĂ© de l’existence et les vains efforts de notre ĂȘtre. C’était le Wild, le Wild farouche, glacĂ© jusqu’au cƓur, de la terre du Nord.

Sur la glace du fleuve et comme un dĂ©fi au nĂ©ant du Wild, peinait un attelage de chiens-loups. Leur fourrure, hĂ©rissĂ©e, s’alourdissait de neige. À peine sorti de leur bouche, leur souffle se condensait en vapeur, pour geler presque aussitĂŽt et retomber sur eux en cristaux transparents, comme s’ils avaient Ă©cumĂ© des glaçons.

Des courroies de cuir sanglaient les chiens et des harnais les attachaient à un traßneau, qui suivait, assez loin derriÚre eux, tout cahoté."

Croc-Blanc a un pÚre loup et une mÚre louve et chienne. Il est né à l'état sauvage ; mais trÚs jeune, il est confronté à l'humain et fait ainsi son éducation avec des expériences plus ou moins bonnes et des tentatives de retour à la vie sauvage...