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Regrets sur ma vieille Robe de Chambre

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REGRETS SUR MA VIEILLE ROBE DE CHAMBRE OU AVIS À CEUX QUI ONT PLUS DE GOÛT QUE DE FORTUNE. La premiĂšre Ă©dition de ce charmant morceau si connu et si digne de l'ĂȘtre parut en 1772 en une brochure petit in-8°, sans indication de lieu, mais elle sortait certainement d'une imprimerie suisse. On lit en tĂȘte : AVIS AU LECTEUR. « M. DIDEROT ayant eu occasion de rendre un service signalĂ© Ă  Mme GEOFFRIN, celle-ci imagina, par reconnaissance, d'aller dĂ©mĂ©nager un jour tous les haillons du rĂ©duit philosophique et d'y faire mettre d'autres meubles, qui, quoique beaux, Ă©taient d'une extrĂȘme simplicitĂ©, et ne sont devenus si recherchĂ©s que sous la plume poĂ©tique du pĂ©nitent en robe de chambre d'Ă©carlate. « LaĂŻs, dont il est parlĂ© dans ces Regrets, est le nom d'un tableau de VERNET ; malgrĂ© ce qu'en dit M. DIDEROT, qu'elle ne lui a rien coĂ»tĂ©, on est sĂ»r cependant qu'il obligea VERNET de prendre de sa part vingt-cinq louis. Ce n'est rien, mais toujours beaucoup pour une bourse philosophique. Ce n'est pas, assurĂ©ment, la faute de l'artiste, qui voulait absolument que le philosophe acceptĂąt son tableau ; mais celui-ci voulut, disait-il, en payer au moins les couleurs, et Vernet fut obligĂ© de cĂ©der [1]. « R. » Cette Ă©dition suisse, que nos prĂ©dĂ©cesseurs ne paraissent pas avoir connue, prĂ©sente de nombreuses variantes avec les rĂ©impressions subsĂ©quentes ; quelques-unes sont des fautes, quelques autres nous ont semblĂ© prĂ©fĂ©rables Ă  la version adoptĂ©e. Nous ne signalerons que les cas dans lesquels il pouvait y avoir hĂ©sitation. Pourquoi ne l'avoir pas gardĂ©e ? Elle Ă©tait faite Ă  moi ; j'Ă©tais fait Ă  elle. Elle moulait tous les plis de mon corps sans le gĂȘner ; j'Ă©tais pittoresque et beau. L'autre, raide, empesĂ©e, me mannequine. Il n'y avait aucun besoin auquel sa complaisance ne se prĂȘtĂąt ; car l'indigence est presque toujours officieuse. Un livre Ă©tait-il couvert de poussiĂšre, un de ses pans s'offrait Ă  l'essuyer. L'encre Ă©paissie refusait-elle de couler de ma plume, elle prĂ©sentait le flanc. On y voyait tracĂ©s en longues raies noires les frĂ©quents services qu'elle m'avait rendus. Ces longues raies annonçaient le littĂ©rateur, l'Ă©crivain, l'homme qui travaille. À prĂ©sent, j'ai l'air d'un riche fainĂ©ant ; on ne sait qui je suis. Sous son abri, je ne redoutais ni la maladresse d'un valet, ni la mienne, ni les Ă©clats du feu, ni la chute de l'eau. J'Ă©tais le maĂźtre absolu de ma vieille robe de chambre ; je suis devenu l'esclave de la nouvelle. Le dragon qui surveillait la toison d'or ne fut pas plus inquiet que moi. Le souci m'enveloppe. Le vieillard passionnĂ© qui s'est livrĂ©, pieds et poings liĂ©s, aux caprices, Ă  la merci d'une jeune folle [2], dit depuis le matin jusqu'au soir : OĂč est ma bonne, ma vieille gouvernante ? Quel dĂ©mon m'obsĂ©dait le jour que je la chassai pour celle-ci ! Puis il pleure, il soupire. Je ne pleure pas, je ne soupire pas ; mais Ă  chaque instant je dis : Maudit soit celui qui inventa l'art de donner du prix Ă  l'Ă©toffe commune en la teignant en Ă©carlate ! Maudit soit le prĂ©cieux vĂȘtement que je rĂ©vĂšre ! OĂč est mon ancien, mon humble, mon commode lambeau de calemande ? Mes amis, gardez vos vieux amis. Mes amis, craignez l'atteinte de la richesse. Que mon exemple vous instruise. La pauvretĂ© a ses franchises ; l'opulence a sa gĂȘne. DiogĂšne ! si tu voyais ton disciple sous le fastueux manteau d'Aristippe, comme tu rirais ! Aristippe, ce manteau fastueux fut payĂ© par bien des bassesses [3]. Quelle comparaison de ta vie molle, rampante, effĂ©minĂ©e, et de la vie libre et ferme du cynique dĂ©guenillĂ© ! j'ai quittĂ© le tonneau oĂč je rĂ©gnais, pour servir sous un tyran. Ce n'est pas tout, mon ami. Écoutez les ravages du luxe, les suites d'un luxe consĂ©quent. Ma vieille robe de chambre Ă©tait une avec les autres guenilles qui m'environnaient. Une chaise de paille, une table de bois, une tapisserie de Bergame, une planche de sapin qui soutenait quelques livres, quelques estampes enfumĂ©es, sans bordure, clouĂ©es par les angles sur cette tapisserie ; entre ces estampes trois ou quatre plĂątres suspendus formaient avec ma vieille robe de chambre l'indigence la plus harmonieuse. Tout est dĂ©saccordĂ©. Plus d'ensemble, plus d'unitĂ©, plus de beautĂ©. Une nouvelle gouvernante stĂ©rile qui succĂšde dans un presbytĂšre, la femme qui entre dans la maison d'un veuf, le ministre qui remplace un ministre disgraciĂ©, le prĂ©lat moliniste qui s'empare du diocĂšse d'un prĂ©lat jansĂ©niste, ne causent pas plus de trouble que l'Ă©carlate intruse en a causĂ© chez moi. Je puis supporter sans dĂ©goĂ»t la vue d'une paysanne. Ce morceau de toile grossiĂšre qui couvre sa tĂȘte ; cette chevelure qui tombe Ă©parse sur ses joues ; ces haillons trouĂ©s qui la vĂȘtissent Ă  demi ; ce mauvais cotillon court qui ne va qu'Ă  [4] la moitiĂ© de ses jambes ; ces pieds nus et couverts de fange ne peuvent me blesser : c'est l'image d'un Ă©tat que je respecte ; c'est l'ensemble des disgrĂąces d'une condition nĂ©cessaire et malheureuse que je plains. Mais mon cƓur se soulĂšve ; et, malgrĂ© l'atmosphĂšre parfumĂ©e qui la suit, j'Ă©loigne mes pas, je dĂ©tourne mes regards de cette courtisane dont la coiffure Ă  points d'Angleterre, et les manchettes dĂ©chirĂ©es, les bas de soie sales [5] et la chaussure usĂ©e, me montrent la misĂšre du jour associĂ©e Ă  l'opulence de la veille. Tel eĂ»t Ă©tĂ© mon domicile, si l'impĂ©rieuse Ă©carlate n'eĂ»t tout mis Ă  son unisson. J'ai vu la Bergame cĂ©der la muraille, Ă  laquelle elle Ă©tait depuis si longtemps attachĂ©e, Ă  la tenture de damas. Deux estampes qui n'Ă©taient pas sans mĂ©rite : la Chute de la manne dans le dĂ©sert du Poussin, et l'Esther devant AssuĂ©rus du mĂȘme ; l'une honteusement chassĂ©e par un vieillard de Rubens, c'est la triste Esther ; la Chute de la manne dissipĂ©e par une TempĂȘte de Vernet. La chaise de paille relĂ©guĂ©e dans l'antichambre par le fauteuil de maroquin. HomĂšre, Virgile, Horace, CicĂ©ron, soulager le faible sapin courbĂ© sous leur masse, et se renfermer dans une armoire marquetĂ©e, asile plus digne d'eux que de moi. Une grande glace s'emparer du manteau de ma cheminĂ©e. Ces deux jolis plĂątres que je tenais de l'amitiĂ© de Falconet, et qu'il avait rĂ©parĂ©s lui-mĂȘme, dĂ©mĂ©nagĂ©s par une VĂ©nus accroupie. L'argile moderne brisĂ©e par le bronze antique. La table de bois disputait encore le terrain, Ă  l'abri d'une foule de brochures et de papiers entassĂ©s pĂȘle-mĂȘle, et qui semblaient devoir la dĂ©rober longtemps Ă  l'injure [6] qui la menaçait. Un jour elle subit son sort et, en dĂ©pit de ma paresse, les brochures et les papiers allĂšrent se ranger dans les serres d'un bureau prĂ©cieux. Instinct funeste des convenances ! Tact dĂ©licat et ruineux, goĂ»t sublime qui change, qui dĂ©place, qui Ă©difie, qui renverse ; qui vide les coffres des pĂšres ; qui laisse les filles sans dot, les fils sans Ă©ducation ; qui fait tant de belles choses et de si grands maux, toi qui substituas chez moi le fatal et prĂ©cieux bureau Ă  la table de bois ; c'est toi qui perds les nations ; c'est toi qui, peut-ĂȘtre, un jour, conduiras mes effets sur le pont Saint-Michel [7] , oĂč l'on entendra la voix enrouĂ©e d'un jurĂ© crieur dire: À vingt louis une VĂ©nus accroupie. L'intervalle qui restait entre la tablette de ce bureau et la TempĂȘte de Vernet, qui est au-dessus, faisait un vide dĂ©sagrĂ©able Ă  l'Ɠil. Ce vide fut rempli par une pendule ; et quelle pendule encore ! une pendule Ă  la Geoffrin, une pendule oĂč l'or contraste avec le bronze. Il y avait un angle vacant Ă  cĂŽtĂ© de ma fenĂȘtre. Cet angle demandait un secrĂ©taire, qu'il obtint. Autre vide dĂ©plaisant entre la tablette du secrĂ©taire et la belle tĂȘte de Rubens, il fut rempli par deux La GrenĂ©e. Ici est une Magdeleine [8] du mĂȘme artiste ; lĂ , c'est une esquisse ou de Vien ou de Machy ; car je donnai aussi dans les esquisses. Et ce fut ainsi que le rĂ©duit Ă©difiant du philosophe se transforma dans le cabinet scandaleux du publicain. J'insulte aussi Ă  la misĂšre nationale. De ma mĂ©diocritĂ© premiĂšre, il n'est restĂ© qu'un tapis de lisiĂšres. Ce tapis mesquin ne cadre guĂšre avec mon luxe, je le sens. Mais j'ai jurĂ© et je jure, car les pieds de Denis le philosophe ne fouleront jamais un chef-d'Ɠuvre de la Savonnerie, que je rĂ©serverai ce tapis, comme le paysan transfĂ©rĂ© de sa chaumiĂšre dans le palais de son souverain rĂ©serva ses sabots. Lorsque le matin, couvert de la somptueuse Ă©carlate, j'entre dans mon cabinet ; si je baisse la vue, j'aperçois mon ancien tapis de lisiĂšres ; il me rappelle mon premier Ă©tat, et l'orgueil s'arrĂȘte Ă  l'entrĂ©e de mon cƓur. Non, mon ami, non ; je ne suis point corrompu. Ma porte s'ouvre toujours au besoin qui s'adresse Ă  moi ; il me trouve la mĂȘme affabilitĂ©. Je l'Ă©coute, je le conseille, je le secours, je le plains. Mon Ăąme ne s'est point endurcie ; ma tĂȘte ne s'est point relevĂ©e. Mon dos est bon et rond, comme ci-devant. C'est le mĂȘme ton de franchise ; c'est la mĂȘme sensibilitĂ©. Mon luxe est de fraĂźche date et le poison n'a point encore agi. Mais avec le temps, qui sait ce qui peut arriver ? Qu'attendre de celui qui a oubliĂ© sa femme et sa fille, qui s'est endettĂ©, qui a cessĂ© d'ĂȘtre Ă©poux et pĂšre, et qui, au lieu de dĂ©poser au fond d'un coffre fidĂšle, une somme utile
 Ah, saint prophĂšte ! levez vos mains au ciel, priez pour un ami en pĂ©ril, dites Ă  Dieu : Si tu vois dans tes dĂ©crets Ă©ternels que la richesse corrompe le cƓur de Denis, n'Ă©pargne pas les chefs-d'Ɠuvre qu'il idolĂątre ; dĂ©truis-les, et ramĂšne-le Ă  sa premiĂšre pauvretĂ© ; et moi, je dirai au ciel de mon cĂŽtĂ© : Dieu ! je me rĂ©signe Ă  la priĂšre du saint prophĂšte et Ă  ta volontĂ© ! Je t'abandonne tout ; reprends tout ; oui, tout, exceptĂ© le Vernet. Ah ! laisse-moi le Vernet ! Ce n'est pas l'artiste, c'est toi qui l'as fait. Respecte l'ouvrage de l'amitiĂ© et le tien. Vois ce phare, vois cette tour adjacente qui s'Ă©lĂšve Ă  droite ; vois ce vieil arbre que les vents ont dĂ©chirĂ©. Que cette masse est belle ! Au-dessous de cette masse obscure, vois ces rochers couverts de verdure. C'est ainsi que ta main puissante les a formĂ©s [9] ; c'est ainsi que ta main bienfaisante les a tapissĂ©s. Vois cette terrasse inĂ©gale, qui descend du pied des rochers vers la mer. C'est l'image des dĂ©gradations que tu as permis au temps d'exercer sur les choses du monde les plus solides. Ton soleil l'aurait-il autrement Ă©clairĂ©e ? Dieu ! si tu anĂ©antis cet ouvrage de l'art, on dira que tu es un Dieu jaloux. Prends en pitiĂ© les malheureux Ă©pars sur cette rive. Ne te suffit-il pas de leur avoir montrĂ© le fond des abĂźmes ? Ne les as-tu sauvĂ©s que pour les perdre ? Écoute la priĂšre de celui-ci qui te remercie. Aide les efforts de celui-lĂ  qui rassemble les tristes restes de sa fortune. Ferme l'oreille aux imprĂ©cations de ce furieux : hĂ©las ! il se promettait des retours si avantageux ; il avait mĂ©ditĂ© le repos et la retraite; il en Ă©tait Ă  son dernier voyage. Cent fois dans la route, il avait calculĂ© par ses doigts le fond de sa fortune ; il en avait arrangĂ© l'emploi : et voilĂ  toutes ses espĂ©rances trompĂ©es ; Ă  peine lui reste-t-il de quoi couvrir ses membres nus. Sois touchĂ© de la tendresse de ces deux Ă©poux. Vois la terreur que tu as inspirĂ©e Ă  cette femme. Elle te rend grĂące du mal que tu ne lui as pas fait. Cependant, son enfant trop jeune pour savoir Ă  quel pĂ©ril tu l'avais exposĂ©, lui, son pĂšre et sa mĂšre, s'occupe du fidĂšle compagnon de son voyage ; il rattache le collier de son chien. Fais grĂące Ă  l'innocent. Vois cette mĂšre fraĂźchement Ă©chappĂ©e des eaux avec son Ă©poux ; ce n'est pas pour elle qu'elle a tremblĂ©, c'est pour son enfant. Vois comme elle le serre contre son sein ; vois comme elle le baise. Dieu ! reconnais les eaux que tu as crĂ©Ă©es. Reconnais-les, et lorsque ton souffle les agite, et lorsque ta main les apaise. Reconnais les sombres nuages que tu avais rassemblĂ©s, et qu'il t'a plu de dissiper. DĂ©jĂ  ils se sĂ©parent, ils s'Ă©loignent, dĂ©jĂ  la lueur de l'astre du jour renaĂźt sur la face des eaux ; je prĂ©sage le calme Ă  cet horizon rougeĂątre. Qu'il est loin, cet horizon ! il ne confine point avec la mer. Le ciel descend au-dessous et semble tourner autour du globe. AchĂšve d'Ă©claircir ce ciel ; achĂšve de rendre Ă  la mer sa tranquillitĂ©. Permets Ă  ces matelots de remettre Ă  flot leur navire Ă©chouĂ© ; seconde leur travail ; donne-leur des forces, et laisse-moi mon tableau. Laisse-le-moi, comme la verge dont tu chĂątieras l'homme vain. DĂ©jĂ  ce n'est plus moi qu'on visite, qu'on vient entendre : c'est Vernet qu'on vient admirer chez moi. Le peintre a humiliĂ© le philosophe. Ô mon ami, le beau Vernet que je possĂšde ! Le sujet est la fin d'une tempĂȘte sans catastrophe fĂącheuse. Les flots sont encore agitĂ©s ; le ciel couvert de nuages ; les matelots s'occupent sur leur navire Ă©chouĂ© ; les habitants accourent des montagnes voisines. Que cet artiste a d'esprit ! Il ne lui a fallu qu'un petit nombre de figures principales pour rendre toutes les circonstances de l'instant qu'il a choisi. Comme toute cette scĂšne est vraie ! Comme tout est peint avec lĂ©gĂšretĂ©, facilitĂ© et vigueur ! Je veux garder ce tĂ©moignage de son amitiĂ©. Je veux que mon gendre le transmette Ă  ses enfants, ses enfants aux leurs, et ceux-ci aux enfants qui naĂźtront d'eux. Si vous voyiez le bel ensemble de ce morceau ; comme tout y est harmonieux ; comme les effets s'y enchaĂźnent ; comme tout se fait valoir sans effort et sans apprĂȘt ; comme ces montagnes de la droite sont vaporeuses ; comme ces rochers et les Ă©difices surimposĂ©s sont beaux ; comme cet arbre est pittoresque ; comme cette terrasse est Ă©clairĂ©e ; comme la lumiĂšre s'y dĂ©grade ; comme ces figures sont disposĂ©es, vraies, agissantes, naturelles, vivantes ; comme elles intĂ©ressent ; la force dont elles sont peintes ; la puretĂ© dont elles sont dessinĂ©es ; comme elles se dĂ©tachent du fond ; l'Ă©norme Ă©tendue de cet espace ; la vĂ©ritĂ© de ces eaux ; ces nuĂ©es, ce ciel, cet horizon ! Ici le fond est privĂ© de lumiĂšre et le devant Ă©clairĂ©, au contraire du technique commun. Venez voir mon Vernet ; mais ne me l'ĂŽtez pas. Avec le temps, les dettes s'acquitteront ; le remords s'apaisera ; et j'aurai une jouissance pure. Ne craignez pas que la fureur d'entasser de belles choses me prenne. Les amis que j'avais, je les ai ; et le nombre n'en est pas augmentĂ©. J'ai LaĂŻs, mais LaĂŻs ne m'a pas. Heureux entre ses bras, je suis prĂȘt Ă  la cĂ©der Ă  celui que j'aimerai et qu'elle rendrait plus heureux que moi. Et pour vous dire mon secret Ă  l'oreille, cette LaĂŻs, qui se vend si cher aux autres, ne m'a rien coĂ»tĂ©.