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La grande ombre

E-book


Arthur Conan Doyle (1859-1930)

"Me voici, moi, Jock Calder, de West Inch, arrivĂ© Ă  peine au milieu du dix-neuviĂšme siĂšcle, et Ă  l’ñge de cinquante-cinq ans.

Ma femme ne me dĂ©couvre guĂšre qu’une fois par semaine derriĂšre l’oreille un petit poil gris qu’elle tient Ă  m’arracher.

Et pourtant quel Ă©trange effet cela me fait que ma vie se soit Ă©coulĂ©e en une Ă©poque oĂč les façons de penser et d’agir des hommes diffĂ©raient autant de celles d’aujourd’hui que s’il se fut agi des habitants d’une autre planĂšte.

Ainsi, lorsque je me promĂšne par la campagne, si je regarde par lĂ -bas, du cĂŽtĂ© de Berwick, je puis apercevoir les petites traĂźnĂ©es de fumĂ©e blanche, qui me parlent de cette singuliĂšre et nouvelle bĂȘte aux cent pieds, qui se nourrit de charbon, dont le corps recĂšle un millier d’hommes, et qui ne cesse de ramper le long de la frontiĂšre.

Quand le temps est clair, j’aperçois sans peine le reflet des cuivres, lorsqu’elle double la courbe vers Corriemuir.

Puis, si je porte mon regard vers la mer, je revois la mĂȘme bĂȘte, ou parfois mĂȘme une douzaine d’entre elles, laissant dans l’air une trace noire, dans l’eau une tache blanche, et marchant contre le vent avec autant d’aisance qu’un saumon remonte la Tweed.

Un tel spectacle aurait rendu mon bon vieux pĂšre muet de colĂšre autant que de surprise, car il avait la crainte d’offenser le CrĂ©ateur, si profondĂ©ment enracinĂ©e dans l’ñme, qu’il ne voulait pas entendre parler de contraindre la Nature, et que toute innovation lui paraissait toucher de bien prĂšs au blasphĂšme.

C’était Dieu qui avait crĂ©Ă© le cheval.

C’était un mortel de lĂ -bas, vers Birmingham, qui avait fait la machine.

Aussi mon bon vieux papa s’obstinait-il Ă  se servir de la selle et des Ă©perons."

Napoléon est à l'ßle d'Elbe mais pour combien de temps ? son ombre continue de planer sur l'Europe...

Deux amis d'enfance, Jock (le narrateur) et Jim sont amoureux de la mĂȘme fille: Edie, la cousine de Jock. Elle choisit Jim. Mais personne n'avait prĂ©vu l'arrivĂ©e d'un Ă©trange voyageur...