À dix heures du soir dans une rue de Paris, M. Ledru tombe nez à nez avec une patrouille de sans-culottes au milieu desquels une jeune femme crie et se débat. À la vue de M. Ledru qu'elle nomme M. Albert, elle s'élance vers celui-ci toute tremblante et lui saisit le bras. Arrêtée et menacée d'être conduite au poste de garde pour n'avoir pas pu présenter sa carte de civisme, elle jure être une simple fille de blanchisseuse et implore « M. Albert » de confirmer son statut. Mais sa façon de parler ne trompe personne : elle ne peut être qu'une aristocrate. M. Ledru doit choisir son camp...

Dans cette sixième nouvelle des « Mille et Un Fantômes », Alexandre Dumas dévoile et remet en question les tensions quotidiennes engendrées par la Révolution française entre républicains et royalistes.

Alexandre Dumas (1802-1870) est un écrivain français. Son père, général de la Révolution française, meurt alors que Dumas a trois ans. Sa grand-mère est une esclave ou affranchie noire. Il fait ainsi face au racisme dès son plus jeune âge. Peu doué à l’école, il est surtout instruit par ses lectures religieuses, et des lectures populaires. En 1819, il rencontre Adolphe de Leuven qui l’initie à la poésie, et avec qui il écrira les vaudevilles. Pour échapper au racisme, il s’enfuit à Paris, y devient clerc de notaire et découvre la Comédie-Française. Puis il se consacre au théâtre avec « La Chasse et l'Amour », en 1825, qui connaît un grand succès. Après une série de voyage, il s’essaye au feuilleton avec « Les Trois mousquetaires » en 1844. Commence là un travail effréné : il n’arrête plus. En seulement sept ans il publie « Le Comte de Monte-Cristo » (1844-1846), « La Reine Margot » (1844-1845), « Le Chevalier de Maison-Rouge » (1845-1846), « La Dame de Monsoreau » (1845-1846)...