George Sand (1804-1876)
"Les premiers jours de juillet 1808 vinrent sâaccomplir au chĂąteau de Germandre, en Bourbonnais, des Ă©vĂ©nements assez romanesques. Câest de ces trois journĂ©es que nous allons essayer de suivre toutes les phases et de tracer un fidĂšle rĂ©cit.
Germandre Ă©tait une terre considĂ©rable, de la valeur dâun million tout au moins. Lâantique manoir, situĂ© dans un agreste paysage, Ă©tait somptueusement meublĂ© Ă lâancienne mode, sans aucun Ă©gard pour celle du moment, qui nâadmettait que de pauvres et menteuses imitations des arts grec et romain. On y voyait donc encore des lits Ă colonnes torses richement sculptĂ©s, que le mĂ©pris des modernes traitait de corbillards, ou de ces lits François Ier montĂ©s sur des estrades et dressant jusquâau plafond leurs dossiers revĂȘtus dâouate et de satin piquĂ©, vĂ©ritables monuments qui donnaient lâidĂ©e de lâimportance des personnages dont ils avaient jadis abritĂ© le sommeil. Dans toutes les chambres, les unes tendues de cuir dorĂ©, les autres de tapisseries des plus curieuses, un amateur dâantiquailles (antiquailles Ă©tait alors un terme de dĂ©dain) pouvait sâarrĂȘter longtemps Ă contempler, entre autres raretĂ©s, les tambours des portes et le revĂȘtement des embrasures en bois sculptĂ© avec reliefs dorĂ©s, les cheminĂ©es enjolivĂ©es de figures et de guirlandes dans le goĂ»t de la Renaissance les unes en marbre, dâautres en bois ou en pierre, peintes de couleurs si vives, quâelles semblaient achevĂ©es de la veille ; mais surtout les sujets reprĂ©sentĂ©s sur les murailles, et qui mĂ©ritent une mention particuliĂšre."
Le marquis de Germandre, grand amateur d'énigmes, n'est plus... Toute sa famille est présente aux funérailles puis à l'ouverture du testament. Qui va hériter des richesses du marquis ? Une derniÚre énigme du marquis !