George Sand (1804-1876)
"Madame du Blossay venait de sâinstaller dans sa nouvelle rĂ©sidence du Plantier lorsquâelle mâĂ©crivit :
« Mon cher Armand, tu vas venir tout de suite, je tâen avertis. Une tante qui nâa pas de fils ne peut se passer de son neveu quand il sâagit dâun Ă©tablissement qui est son dernier nid de campagne. Je trouverai tout trĂšs bien du moment que tu seras content de notre ermitage. Et puis je veux te marier, et je suis assez bien renseignĂ©e dĂ©jĂ pour ĂȘtre sĂ»re que, dĂšs cette annĂ©e, tu pourras choisir ici celle qui te convient. »
Ma tante du Blossay mâavait servi de mĂšre ; elle Ă©tait toute ma famille, je nâavais rien Ă lui refuser nous nous aimions tendrement. Je partis le jour mĂȘme.
JâĂ©tais rĂ©solu Ă lui complaire en toutes choses, hormis une seule : je ne voulais pas me marier. Non que je fusse un homme de plaisir : ma vie, au contraire, avait toujours Ă©tĂ© sĂ©rieuse ; mais jâaimais ce cĂŽtĂ© de lâindĂ©pendance que lâon pourrait appeler lâirresponsabilitĂ©. ĂlevĂ© avec amour par une femme de mĂ©rite, et conservĂ© aussi pur que possible, grĂące Ă un milieu intelligent et affectueux, jâavais pris le goĂ»t des personnes et des choses dâĂ©lite, et je savais combien la vĂ©ritable distinction est devenue rare. Je voyais trĂšs bien que mon entourage Ă©tait un petit monde exceptionnel, une oasis dans le dĂ©sert intellectuel du monde dâaujourdâhui, ce monde qui reprĂ©sente non plus du tout un Ă©tage social quelconque, mais une foule associĂ©e pour partager les mĂŽmes plaisirs, sans lien rĂ©el entre les individus qui la composent."
Célie Merquem est une "vieille fille" de 30 ans qui a tout pour plaire... mais elle refuse les prétendants : elle les juge indignes d'elle. Il est vrai que l'éducation que lui a donnée son grand-pÚre n'est pas conventionnelle et le mariage n'est pas un but en soi pour mademoiselle Merquem. Son voisin, M. de Montroger, bien que refusé plusieurs fois, ne perd pas espoir ! Quant à Mme du Blossay elle aimerait bien unir Célie à son neveu Armand...