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Le drame de l'Etang-aux-Biches

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Delly (1875-1947) (1876-1949)

"Élisabeth se pencha un peu plus pour mieux voir le cavalier qui passait sur la route, le long de la roche abrupte, dure assise du chñteau de Montparoux.

Sans souci du danger, ni du vertige, elle Ă©tait assise sur l’appui Ă  demi ruinĂ© d’une baie en arc d’ogive ouverte directement sur l’à-pic de la falaise. Les jambes fines et brunes pendant au-dehors, les pieds minces chaussĂ©s de sandales battaient la roche couleur de rouille. Qui l’eĂ»t vue dans cette pĂ©rilleuse attitude aurait frissonnĂ© d’effroi. Mais le cavalier ne regardait pas au-dessus de lui. BientĂŽt il disparut au tournant de la route. Alors, Élisabeth se redressa, fit un rĂ©tablissement et se trouva debout dans la baie qui encadrait sa maigre silhouette d’adolescente, sa tĂȘte aux boucles brunes un peu en dĂ©sordre.

L’aprĂšs-midi tendait vers sa fin. Les sapins qui couvraient les hauteurs, face Ă  Montparoux, s’éclairaient aux derniĂšres lueurs du couchant. Des clochettes de troupeaux tintaient, musique lĂ©gĂšre, dans l’air silencieux qui prenait dĂ©jĂ  son parfum du soir, parfum de forĂȘt et d’eau fraĂźche. Car la riviĂšre, folle, bondissante, bordait la route qui menait de Montparoux Ă  Lons-le-Saunier, en passant par le village de Sauvin-le-BĂ©ni. Celui-ci, au pied des sapiniĂšres, Ă©tendait ses maisons anciennes et ses jardins fleuris de passeroses, de soleils, de petits Ɠillets. Des prĂ©s le joignaient et quelques champs que commençaient de quitter les travailleurs pour regagner le logis. "

La mÚre d'Elisabeth a été retrouvée noyée dans l'Etang-aux-Biches... Elisabeth n'a jamais eu plus d'explications : accident, suicide ou crime ? Sa marùtre aurait-elle la réponse ?