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La piste du crime

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Wilkie Collins (1824-1889)

« ... Car, dans les temps anciens, les saintes femmes qui croyaient en Dieu s’honoraient elles-mĂȘmes en Ă©tant soumises Ă  leur mari ; Sarah obĂ©issait Ă  Abraham et l’appelait son seigneur ; et vous serez ses filles tant que votre conduite sera droite et que vous ne vous laisserez dominer par aucune crainte. »

Mon oncle Starkweather, terminant par ces paroles connues l’Office du Mariage selon le rite de l’Église d’Angleterre, ferma son livre, et, du haut de l’autel, fixa sur moi son regard avec toute la tendresse que pouvait exprimer sa large face colorĂ©e. En mĂȘme temps, ma tante Starkweather, qui se tenait Ă  cĂŽtĂ© de moi, me donna une forte tape sur l’épaule, et me dit :

« ValĂ©ria, vous ĂȘtes mariĂ©e ! »

Quelles Ă©taient en ce moment mes pensĂ©es ? dans quelle rĂȘverie Ă©tais-je plongĂ©e ? J’étais trop troublĂ©e pour m’en rendre compte. Je tressaillis, et je regardai celui qui Ă©tait maintenant mon mari. Il me parut Ă  peu prĂšs aussi troublĂ© que moi. Je crois que la mĂȘme idĂ©e nous Ă©tait venue Ă  tous deux dans le mĂȘme instant. Était-il bien possible qu’en dĂ©pit de l’opposition de sa mĂšre, nous fussions mari et femme ? Ma tante rĂ©solut la question par une seconde tape qu’elle me donna sur l’épaule.

« Prenez le bras de votre mari ! » me dit-elle tout bas, du ton d’une femme qui perd patience.

Je pris le bras de mon mari.

« Suivez votre oncle ! »

ValĂ©ria a Ă©pousĂ© Eustache Woodville, en petit comitĂ©. Le lendemain de cet Ă©vĂšnement, elle apprend que le vĂ©ritable nom d'Eustache est Macallan... Elle dĂ©cide d'enquĂȘter...