Guerre et MaternitĂ© : ces deux axes se croisent incessamment dans les rĂ©cits tissĂ©s par Henry Dubos qui scelle dans le drame, la dĂ©sillusion, la dĂ©rĂ©liction ou la terreur le sort de ses personnages, quâils se situent du cĂŽtĂ© des bourreaux ou de celui des victimes. Câest quâĂ travers les destinĂ©es dâune jeune mĂšre dĂ©laissĂ©e, dâune veuve appelant Ă la vengeance, dâune scientifique prenant conscience de lâhorreur dans laquelle elle est entraĂźnĂ©e, ou mĂȘme dâune adolescente sombrant dans la perversion, lâauteur arrive Ă ce constat terrible que le pouvoir maternel de donner la vie ou de la protĂ©ger est dĂ©risoirement fragile quand la folie sâempare de la volontĂ© des hommes et guide leurs capacitĂ©s de destruction. Au fil des rĂ©cits composĂ©s par Henry Dubos, eux-mĂȘmes entrelacĂ©s Ă des textes poĂ©tiques plus intimistes, se rĂ©vĂšlent les portraits torturĂ©s dâĂȘtres emportĂ©s dans les rouages dĂ©ments de lâAllemagne nazie... Et si lâobscuritĂ© rĂšgne Ă©videmment sur cette pĂ©riode, elle se perpĂ©tue aussi, dans ces rĂ©cits, bien aprĂšs, dans ce qui est promis Ă ces survivants des camps, Ă ces enfants abandonnĂ©s, Ă tous ceux laissĂ©s Ă la dĂ©rive, dans un monde dĂ©nuĂ© de repĂšres. Une Ćuvre souvent glaçante, qui dit les crĂ©puscules infinis de lâhistoire, le vacillement de la raison, les pertes que rien ne soigne, cette odeur de sang et de cendres qui suffoque les consciences.